lundi 8 février 2010

Sang d'encre de Cornelia Funke

Meggie et ses parents savourent leurs retrouvailles lorsque Farid apporte une nouvelle bouleversante: prêt à tout pour revoir les fées et sa famille, Doigt de Poussière a regagné le Monde d'encre, ignorant qu'un grand danger l'attend. Farid et Meggie décident de partir à sa recherche. C'est le début d'un voyage incroyable.., et terrifiant. Le deuxième tome d'une magnifique trilogie fantastique par l'un des plus célèbres auteurs contemporains pour la jeunesse.

Dans ce second tome, Cornelia Funke emmène son lecteur en plein coeur du monde d'encre. On y fait la découverte d'un univers très riche, à la vie très dense: des elfes de feu, des nixes, des fées, des kobolds, des funambules, une forêt sans chemin, la ville d'Ombra, le chateau de la nuit...

A côté de ce paysage hors du commun, nous faisons la connaissance de personnages typiques et attachants, en plus de continuer le chemin en compagnie de Meggie, Mo, Farid, Resa ou encore Doigt de Poussière qui reste, au terme de ce second tome, mon personnage préféré. Doigt de Poussière est un amoureux de la nature, de la liberté et de son pays. Il parle au feu et celui-ci lui obéit: des noms apparaissent, flamboyants sur les parois de murs sombres, des fleurs de feu dansent pour lui, le feu est même capable de le rendre invisible. Mais Doigt de Poussière n'est pas que ça. Son attachement grandissant pour Farid, ce jeune garçon sorti de nulle-part qui s'est mis à le suivre, son lien très fort pour Roxane, son affection par ailleurs pour Resa, sa complicité avec ses martres, son agacement face à Fenoglio (que je partage totalement) et sa maîtrise de lui-même font de lui un personnage emprunt d'une humanité exceptionnelle, avec ses grandes qualités mais aussi ses défauts. Et c'est véritablement à lui que le monde d'encre doit toute sa saveur.

Alors que dans Coeur d'encre, toute l'aventure se déroule dans le monde de Meggie et de son père, c'est dans celui de Doigt de Poussière que Sang d'encre nous emmène. Avec lui comme guide, on ne peut que tomber en admiration devant la beauté de ces paysages et la magie des êtres qui le peuplent, et on oublie à quel point le monde d'encre peut être cruel quand on atterrit de l'autre côté de la forêt sans chemin, là où le château de la nuit reflète dans son habillage d'argent toute la cruauté des sujets qui l'occupent.

Même si j'ai vraiment apprécié cette apnée palpitante au coeur d'un monde fait de mots, je dois dire que ma lecture a souffert de quelques longueurs. Le premier tiers du livre se lit rapidement, on est de suite emporté par le style et l'histoire que nous conte l'auteure. Mais le deuxième tiers s'essoufle. Les personnages sont presque tous séparés, l'histoire avance lentement voire à l'arrêt. On suit tour à tour les aventures des uns et des autres avec trop de recul, on n'est plus qu'un spectateur extérieur un peu las devant tant de cruauté et de malchance. L'histoire reprend ensuite peu à peu ses droits et la lecture s'achève sur une note positive. Certes, la fin est triste mais une lueur d'espoir brille à l'horizon. Elle annonce un troisième et dernier tome palpitant.

Malgré ses quelques points faibles, Sang d'encre reste une lecture vraiment passionnante, il vaut vraiment le coup. Cornelia Funke nous démontre encore l'infini de son imagination et son remarquable talent de conteuse. Les émotions passent très bien et à côté de la peur omniprésente (que ce soit chez le lecteur ou chez les personnages), on ressent aussi les palpitations du premier amour, l'absence qui fait mal, l'émerveillement devant la magie, le courage, l'amitié, la force de la famille, le thème de la mort qui jalonne tout le récit mais aussi et surtout... l'incroyable et dangereux pouvoir des mots.

Cornelia Funke, Sang d'encre, Gallimard jeunesse, 671 pages, 2009

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