lundi 8 novembre 2010

Déménagement

C'est désormais ici que ça se passe: http://ohmybooks.hautetfort.com

A bientôt!

mercredi 27 octobre 2010

Mma Ramotswe détective d’Alexander McCall Smith

Divorcée d'un mari trompettiste porté sur la bouteille, Precious Ramotswe est bien décidée à ne plus céder aux mirages de l'amour! J.L.B. Matekoni, gentleman garagiste, lui fait pourtant les yeux doux mais l'inénarrable "Mma" a un projet en tête... Un beau jour, elle se jette à l'eau et ouvre à Gaborone, capitale du Botswana, son pays bien-aimé, la première agence de détectives strictement au féminin. En compagnie de son assistante, Mma Makutsi, elle déclare la guerre aux maris en fuite et aux escrocs sans vergogne. Ne reculant devant aucun danger, elle s'attaquera même à la sorcellerie, le grand tabou de l'Afrique. Mma Ramotswe mène ses enquêtes tambour battant, sous les yeux de son soupirant favori... et pour notre plus grand plaisir.

Il faudra vous y faire. Et ce n’est plus un secret pour personne, je voue désormais un culte à ce cher McCall Smith. J’aime ses histoires simples, ses personnages loufoques et ses intrigues aussi ordinaires qu'inattendues. En (apprenti) fan que je suis, je me devais donc de me procurer, ne serait-ce que le tome 1 des aventures de Mma Ramotswe, la détective qui a valu à son auteur une certaine célébrité.

Dans ce premier tome, l’auteur nous présente le personnage de Precious Ramotswe, première dame détective du Botswana. Le récit commence alors que notre héroïne décide d'investir son héritage en s'installant comme détective privée. McCall Smith a un goût certain pour les personnages féminins aux caractères bien trempés. Comme Isabel Dalhousie, Precious est une femme indépendante, courageuse et intelligente qui jouit d'une fibre diplomatique bien utile dans le métier qu'elle a décidé d'exercer. D'ailleurs, ça donne parfois lieu à des situations cocasses qui ne peuvent que faire sourire. Precious est aussi un personnage qui possède un bagage lourd d'expériences malheureuses mais qui garde toujours le sourire et rayonne d'optimisme. Elle respire la vie et l'humanité. Nous prenons beaucoup de plaisir à faire sa connaissance et à découvrir son passé. Son humilité et son absence de rancoeur sont très touchantes.

Les enquêtes qu’elle mène ne sont pas haletantes. Elles ne nous scotchent pas sur notre chaise à dévorer avec appétence chaque indice. Tout l'intérêt est de suivre Precious, sa manière d'évoluer, les décisions qu'elle prend, ses réflexions et ses petits tours de passe passe pour arriver à ses fins. Les enquêtes prennent une grande partie de son quotidien et occupent souvent ses pensées mais c'est avant tout une ballade aux côtés d'un personnage très attachant que nous offre l'auteur. McCall Smith recourt à divers narrateurs, ce qui donne un certain rythme et une richesse au récit tout en l'associant à différents points de vue sans lui faire perdre son unité. Avec un style toujours subtilement humoristique, il dresse un portrait chaleureux et accueillant de cette communauté botswanienne. Precious est complètement sous le charme de son pays qu'elle dévore d'un regard tendre, à la fois idéaliste et terre à terre.

La BBC a réalisé une série adaptée des livres en 2009. Je ne l'ai pas encore vue mais je trouve que l'actrice choisie pour interpréter le personnage correspond tout à fait. Affaire à suivre...

Il ne me reste donc plus qu’à ouvrir le premier tome des Chroniques d’Edimbourg dont les deux premiers tomes trônent sur ma PAL, pour m’être fait une idée générale, sans pour autant exhaustive, de l’œuvre de cet auteur qui ne cesse de me séduire, avec ses mots bien choisis, son style fluide et ses personnages uniques en leur genre.

samedi 23 octobre 2010

Agatha Raisin and the quiche of death de M.C. Beaton


After years of bullying others as a high-flying public relations boss, Agatha takes early retirement to a picture-perfect village in the Cotswolds. And how better to make friends than by entering the local quiche-making competition? To ensure first prize Agatha buys her entry at a London delicatessen. Alas, Agatha's perfect product is soon exposed - as not only store-bought but poisoned. The contest judge succumbs after eating it, and with him go Agatha's chances of rural bliss - unless she can discover the real poisoner...

J’ai mis la main sur le premier tome de cette série (déjà très longue, une vingtaine de tomes, je pense) lors de mon escapade londonnienne de cet été, après avoir succombé aux sublimes couvertures et aux résumés qui laissaient à espérer une aventure catégorie Intrigues & tasses de thé. Le moins que je puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçue. Et je suis même plutôt ravie d’avoir embarqué les trois premiers tomes dans mes valises (enfin, le 2 est à ma soeur...)

Agatha Raisin a décidé de prendre une retraite anticipée et de s’offrir un cottage dans le Costwolds, dans le village de Carsely, à environ une heure de Londres. Après une jolie carrière dans le domaine des relations publiques, Miss Raisin quitte la ville pour la campagne. Le changement radical de mode de vie lui fait bien rapidement regretter son choix. Bien que les gens la saluent dans la rue, aucun ne semble enclin à l’intégrer dans la petite communauté de Carsely. Agatha se sent seule mais avant de repartir pour la capitale, elle décide de tenter sa chance au concours de quiches du village, avec l’idée de rencontrer quelques personnes qui pourraient l’aider à faire de Carsely son chez-elle. Manque de bol pour Agatha, le juge de la compétition succombe après avoir goûté à un morceau de sa quiche aux épinards ; quiche qu’elle a soigneusement évité de préparer elle-même et qu’elle s'est procurée chez un spécialiste londonien afin d’être sûre de rafler le prix…

Afin de laver les soupçons qui pèsent sur elle, Agatha commence à poser quelques questions et se retrouve rapidement prise dans les filets d’une histoire (très) farfelue mais aussi très très drôle. Menaces, attaques, chuchotements et pots de vin se mêlent (admirablement bien) au quotidien de ce village anglais (pas) comme les autres.

Ces premières aventures m’ont procuré beaucoup d’amusement. Il faut dire qu’Agatha est un personnage très drôle, aussi attachant qu’elle est casse-pieds. Elle n’a pas peur du ridicule et se montre très courageuse. On passe un moment formidable en sa compagnie.

Les personnages sont croqués avec adresse, leurs actes en contre-pied de l’image de perfection que donne le village. On s’imagine aisément gambader avec Miss Raisin de cottage en cottage, à l’affût de détails croustillants, avec une curiosité déplacée totalement assumée. M.C. Beaton parvient à dépeindre cette petite société faite d’apparences avec un humour et une ironie absolument délicieux. Et puis, c’est toujours un bonheur de découvrir un peu de la campagne anglaise. Mais c’est encore meilleur avec une tasse de thé et une petite intrigue à se mettre sous la dent. Des aventures à suivre, donc. Le prochain rendez-vous est pris avec Agatha Raisin and the vicious vet.

Lu dans le cadre du challenge:

M.C. Beaton, Agatha Raisin and the quiche of death, Robinson, 304 pages, 2009

mercredi 20 octobre 2010

La cité des ténèbres: tomes 1, 2 et 3 de Cassandra Clare


(Résumé Tome 1)
Clary n'en croit pas ses yeux. Elle vient de voir le plus beau garçon de la soirée commettre un meurtre. Et détail terrifiant : le corps de la victime a disparu d'un seul coup ! Mais le pire reste à venir. Sa mère a été kidnappée par d'étranges créatures et l'appartement complètement dévasté. Sans le savoir, Clary a pénétré dans une guerre invisible entre d'antiques forces démoniaques et la société secrète des chasseurs d'ombres. Une guerre dans laquelle elle a un rôle fatal à jouer.


La trilogie La cité des ténèbres de Cassandra Clare fut un énorme coup de coeur pour moi cet été. J'ai été happée par les trois tomes de la série et j'ai eu beaucoup de mal à en relever la tête. L'auteur réussit à créer un monde absolument captivant où cohabitent à la fois les humains (nous, chers lecteurs, jusqu'à preuve du contraire) protégés par les chasseurs d'ombre (ou Nephilims) des créatures démoniaques et des dérives des créatures obscures (vampires, sorciers, loups-garous, fées,...).

L'atout majeur de la série est qu'elle met en place des personnages tout à fait délicieux. Les personnalités sont travaillées, tout comme les liens qui se nouent entre elles. Pas de manichéisme malvenu ni de clichés ambulants. Tout ce beau monde dansent littéralement sous la plume de Cassandra Clare qui souvent, n'y va pas de main morte! Pour ma part, je suis totalement tombée sous le charme de Jace et de son ton savoureusement sarcastique et de Magnus Bane, le sorcier loufoque un peu fleur bleue. J'avoue aussi avoir un petit faible pour Luke, le substitut paternel de Clary et sa double personnalité de meneur et mené. Sans oublier Simon, Isabelle, Alec, Hodge, Valentin, etc.

L'imagination de C. Clare est sans bornes. L'histoire qu'elle bâtit suscite aussitôt l'engouement., sans parler de tous les éléments qui s'y greffent. Sans trop en révéler, citons simplement la double vue, les runes, les stèles, les instruments mortels, l'origine des nephilims, la cité de verre, les frères silencieux, la dynamique des relations entre les créatures magiques...

L'auteur parvient à doser les trois tomes avec ce qu'il faut de révélations, d'actions et d'accalmies, le tout dans un style humoristique des plus habiles, avec même un soupçon de romance! Son écriture est à la fois simple et travaillée, l'intrigue est adroitement mise en place et nous captive jusqu'à la fin. Et l'air de rien, on referme les trois tomes avec une irrésistible envie de continuer... mais il faudra attendre environ 6 mois avant de pouvoir se procurer City of fallen angels, le tome 4 de la série... En attendant, le premier tome d'une nouvelle trilogie The infernal devices, toujours dans le monde des chasseurs d'ombres mais au 19e cette fois, est sorti il y a peu sous le nom de Clockwork Angel. Il a déjà rejoint ma PAL et j'espère m'y plonger rapidement...

Cassandra Clare, La cité des ténèbres, Pocket Jeunesse
-La coupe mortelle (tome 1), 570 pages, 2008
- L'épée mortelle (tome 2), 523 pages, 2009
- Le miroir mortel (tome 3), 606 pages, 2010

lundi 4 octobre 2010

Un homme à distance de Katherine Pancol

Un homme à distance est un recueil de lettres qui s'étalent sur une année entre Kay Bartholdi, une libraire à Fécamp et Jonathan Shields, un américain voyageant en France afin d’écrire un guide touristique, affamé de littérature et en quête d’ouvrages précis, avec un certain cachet. Il demande alors l’aide de Kay et une correspondance, d’abord professionnelle, puis de plus en plus intime se lie entre les deux personnages.

Kay est une jeune femme que la vie a éprouvée. C’est sans doute la raison pour laquelle elle semble être constamment sur la défensive, interprétant (mal) le moindre propos de son nouveau correspondant. Au fil des lettres, elle s’ouvre, raconte quelques évènements passés qui font ce qu’elle est aujourd’hui mais sans se dévoiler vraiment pour autant. Le lecteur n’est pas mis dans la confidence, puisqu’il s’agit exclusivement d’échange épistolaire ; il ne sait que ce dont Kay souhaite parler. Son personnage présente une certaine gravité, parfois un peu exagérée, mais qui reste cependant sincère. On sent bien qu’elle ne cherche qu’à se protéger, au fond. Jonathan a un côté beaucoup plus aventureux et curieux. Il veut en savoir plus sur Kay, lui pose des questions qui restent ignorées.

Au cours d’un an, d’octobre 1997 à novembre 1998, Kay et Jonathan vont s’écrire des lettres respirant la passion littéraire (avec un brin de snobisme). Ils se fâcheront, se parleront, s’échangeront des banalités aussi. La sincérité entre les deux correspondants n’est qu’apparence, aucun des deux ne veut vraiment se dévoiler et on n’en comprend pas vraiment la raison. Sans entrer dans des détails susceptibles de gâcher votre lecture, je dirais que je pense que Kay sait, ou en tout cas a des doutes depuis le début sur ce qui se trame. Et c’est ça qui est beau, je trouve. C’est une manière pour elle de se libérer, en quelque sorte. De boucler la boucle. Peut-être que je me trompe, mais c’est comme ça que j’ai envie de l’interpréter.

Le roman est très court et se lit très vite. Le style est fluide et sans artifices. Les lettres se succèdent et nous entrainent. Un homme à distance fut une lecture très agréable. Je n’ai pas vraiment pu m’identifier aux personnages (ou peut-être un peu à Kay, parce qu’elle est libraire) mais ça n’a pas vraiment gêné ma lecture. Peut-être qu'il en aurait été autrement si le roman avait été beaucoup plus long. Il n’égale pas 84 charing cross road ou Le cercle littéraire… mais il m'a fait passer un moment très plaisant. Ce que j'aime les épistolaires...

Katherine Pancol, Un homme à distance, Le livre de poche, 153 pages, 2004

Merry X-Swap

Avec Blabbermouth diary, nous avons eu l'idée il y a quelques mois d'organiser un petit quelque chose pour Noël. C'est une fête qui nous tient à coeur à toutes les deux, nous avons donc envie de marquer le coup pour cette année.

Que diriez-vous d'un cadeau en plus sous le sapin?

Le X-mas Swap sera organisé en binômes de préférence (sauf en cas de nombre impair), pour les blogueurs et non-blogueurs (nos blogs respectifs accueilleront les photos du colis sans souci) résidant en Belgique ou en France.

L'idée est que le colis arrive chez son destinataire quelques jours avant le 24 décembre. Mais attention, il ne peut pas être ouvert avant cette date précise! Dans les jours qui suivent, les swapés publieront une photo de leur colis et leurs impressions.

Son contenu:

- Deux livres dans l'esprit de Noël dont l'un peu être remplacé par un DVD (toujours en rapport avec la fête)

- Un livre qui est cher au swappeur et qu'il souhaiterait offrir pour le faire découvrir à son partenaire

NB: il s'agit de livres de poche, pouvant être d'occasion s'ils sont en bon état.

- Une décoration de Noël, que ce soit pour accrocher au sapin, décorer la table ou la maison, vous avez carte blanche! Il peut aussi faire appel à vos talents artistiques et être fait-main.

- Une carte de voeux (of course!)

- Un passage d'un livre ou une citation évoquant pour au swappeur l'esprit de Noël. Il peut être inscrit sur la carte de voeux ou à part. Vous avez le choix.

- Et bien entendu, des gourmandises !!

Je sais que ça arrive tôt et que l'esprit de Noël n'a pas encore frappé à nos portes mais le temps de rédiger des questionnaires et de les faire parvenir aux binômes, ainsi que de laisser du temps pour les inscriptions nécessitent qu'on s'y prenne à l'avance.

Les inscriptions (par commentaire, ici ou ) sont ouvertes jusqu'au 20 octobre et le nombre de participants est limité à 20.

*

Les participantes:

Samarian

Céline

Lauranne

Angeline

Chicky Poo

Nahe

Olivia

Adelynn

Cécile

Nane

Polettee

joey7lindley


dimanche 26 septembre 2010

Corduroy Mansions d'Alexander McCall Smith

Welcome to Corduroy Mansions in Pimlico: a temple of Arts and Crafts architecture, with comforting, weathered brickwork and frankly frivolous dormer windows, it is home to a delightfully eccentric cast of Londoners.

In the top flat lives William, with a faithful ex-vegetarian dog named Freddie de la Hay and a freeloading son who he hopes will soon fly the nest. Four lively young women share the first-floor flat, including twinset-and-pearls Caroline from Cheltenham, Dee, vitamin addict and avid subscriber to Anti-oxidant News, and Jenny, a put-upon PA. And round the corner lives Oedipus Snark MP, possibly the world’s only loathsome Lib Dem, who has succeeded in offending everyone he knows, and many others besides. But what dark revenge is being plotted by his mother, Berthea Snark, and by his girlfriend, Barbara Ragg…?

Dans cette nouvelle série, McCall Smith donne vie à de nombreux personnages aussi singuliers qu’attachants. Le lecteur les accompagne d’une situation cocasse à une autre, dans une ambiance londonienne qui laisse rêveur.

Une partie des (nombreux) personnages habitent Corduroy Mansions, un immeuble londonien situé dans le quartier de Pimlico. L’autre partie étant composée de personnages qui sont leur sont reliés à ceux d’une façon ou d’une autre. L’ensemble forme un nœud de relations imprévisibles, colorées et nuancées à la fois que le lecteur se fait un plaisir de démêler au fil des pages.

Parmi ses résidents, nous trouvons William French qui désespère de se débarrasser de son fils qui ne semble décidément pas favorable à l’idée de sortir du nid et de voler de ses propres ailes. Mais William a un plan pour venir à bout de son envahisseur de fils, un plan qui implique l’intervention d’un chien ex végétarien et noblement prénommé Freddie de la Hay. William, marchand de vin, amateur de chaussures confortables et des bons petits plats de son amie Marcia est sans aucun doute le personnage que j’ai le plus aimé. Il est drôle, maladroit, généreux, serviable et d’une gentillesse qui lui joue parfois des tours. C’est un personnage qui m’a rapidement charmée, et dont on sent qu’il a gardé quelque chose de son âme d’enfant.

Le rythme est rapide, les chapitres sont courts et sont toujours consacrés aux mésaventures de l’un ou de l’autre. La plume de McCall Smith est pleine de verve et d’humour. Corduroy Mansions ne nous livre pas une histoire avec un début et une fin, il nous offre une tranche de vie. Bien entendu, le roman a une chute mais rien n’est vraiment résolu et des pistes très intéressantes sont lancées pour la suite… Certains personnages plus effacés semblent détenir un grand potentiel pour la suite… si bien qu’il est difficile de ne pas craquer et de commander la suite qui est sortie en mai dernier et qui porte le délicieux titre de The dog who came in from the cold. Le troisième s'intutile A conspiracy of friends. A noter que Corduroy Mansions n’est pas encore traduit en français.

Lu dans le cadre du challenge

Alexander McCall Smith, Corduroy Mansions, Abacus, 352 pages, 2010

mercredi 22 septembre 2010

Le temps n'est rien d'Audrey Niffenegger

"Je l'aime. II représente tout pour moi. Je l'ai attendu toute ma vie et à présent il est là. (J'ai du mal à m'expliquer.) Avec lui je peux contempler mon existence dans sa totalité, comme une carte, passé et futur réunis, comme un ange... [..] Tout est déjà arrivé. Tout en même temps. " Nous avons tous déjà eu cette impression d'avoir rencontré une personne quelque part avant, ou de l'avoir connue dans une autre vie... Et si c'était dans un autre temps ? Quand Henry, bibliothécaire, voit arriver Claire, une artiste séduisante, il ne peut croire à l'incroyable : ils se connaissent depuis des décennies, même s'il ne s'en souvient pas. Car Henry est atteint d'une maladie qui le propulse dans le temps. II a rencontré Claire alors qu'elle était enfant et va sans cesse partir et revenir à des époques de leurs vies respectives... L'histoire folle et romanesque d'un amour absolu et éternel.

Ce livre est un petit bijou. Une histoire qu’on n’oublie pas rapidement et dont on a du mal à tourner la dernière page parce que ses personnages sont devenus de vrais amis, parce qu’on a été le témoin de cette histoire aussi magnifique que magique et amère à la fois.

Le temps n’est rien nous raconte l’histoire d’Henry et de Claire. Henry est un voyageur du temps ; il se promène au gré des époques, de manière totalement inattendue, laissant derrière lui tout objet matériel. Quand il rencontre Claire, celle-ci le connait depuis des années alors que lui ne s’en rappelle pas. Il n'a pas encore fait sa connaissance, elle le connait pourtant depuis l’âge de ses 6 ans…

La plume d’A. Niffenegger a su relater avec une extrême habileté l’histoire très complexe de deux personnages charismatiques, touchants, profondément humains et extrêmement attachants. Leurs personnalités sont creusées et ils sont si parfaits dans leurs imperfections qu’on a vraiment du mal à les quitter, même après plus de 500 pages. Sans pour autant avoir quelque chose en commun avec eux, on s’y accroche. On fait leur connaissance, on assiste à leur vie si peu conventionnelle et on éprouve une certaine reconnaissance à ce qu’ils en partagent quelques bribes avec nous. Le récit est un récit à deux voix bien que ce soit Henry qui domine.

Le temps n'est rien est bien plus qu'une simple histoire d'amour. Les voyages dans le temps permettent une exploration intéressante de l’évolution d’une société, du regard qu’on peut porter sur elle. Le livre parle aussi de tolérance et de la capacité de l’homme à accepter ce qui « ne peut être ». L'écriture et le style sont raffinés. Tout sonne juste: les dates, les âges, les rencontres au fil des voyages d’Henry,… Le travail est soigné. Niffenegger maîtrise son histoire, en offrant une réflexion sur la place du destin et du libre-arbitre, avec humour, entourloupes et suspense.

J’observe Henry et m’étonne que, du point de vue de ses cellules, il puisse être aussi différent, aussi autre, quand au-dehors il n’est qu’un homme portant une chemise au col boutonné et un caban, un homme dont la main est faite de peau et d’os dans la mienne, un homme qui sourit comme n’importe quel être humain.

Un film a été adapté du roman. Je l'ai vu il y a quelque semaines et je l'ai beaucoup aimé. Bien entendu, l'histoire et les personnages ne sont pas aussi creusés que le roman mais nous passons un agréable moment. Nous retrouvons Eric Bana et Rachel McAdams qui interprètent brillamment Henry et Claire.

Audrey Niffenegger, Le temps n'est rien, J'ai lu, 521 pages, 2006

lundi 20 septembre 2010

Le club des philosophes amateurs d'Alexander McCall Smith

Pour Isabel Dalhousie, la présidente du Club des philosophes amateurs d'Edimbourg, une soirée à l'opéra est toujours un moment de repos et de sérénité. Mais lorsqu'à la fin de la représentation, un jeune homme en tombant d'un balcon meurt à ses pieds, elle sait que ce n'est pas pour ses beaux yeux. Toujours prête à s'interroger sur l'éthique de ses actes et de ceux de ses contemporains, cette adepte de la vérité ne croit pas un instant à la thèse de l'accident. Miss Dalhousie va alors découvrir que même la tranquille capitale écossaise est désormais gagnée par les appétits modernes, aussi voraces qu'immoraux.

Lu il y a quelques mois, comme Anne..., Le club des philosophes amateurs fut l'occasion pour moi de mieux connaître Isabel Dalhousie (j'avais commencé avec le deuxième livre de la saga Amis Amants Chocolat) et par la même occasion, la plume de McCall Smith qui, si l'on en croit ma colonne de gauche figure désormais parmi mes auteurs favoris (alors même que je n'ai pas encore lu beaucoup de titres de son oeuvre prolifique) ! Ce fut un vrai régal. Isabel m'a tout autant amusée que lors de ma première lecture, elle est décidément de très bonne compagnie.

Alors qu'Isabel vient d'assister à un concert de musique à l'Usher Hall, à Edimbourg, un jeune homme tombe du dernier étage de la salle et meurt sous ses yeux. Passablement bouleversée par les évènements, Isabel reconsidère la thèse officielle de l'accident, qui, selon elle, n'est pas plausible. Malgré les mises en garde de Cat, sa nièce et de Jamie, l'ex de celle-ci devenant au fil des pages un ami de plus en plus proche pour Isabel, cette dernière n'en fera qu'à sa tête et ne renoncera pas à suivre son intuition. Quête de vérité ou simple satisfaction de curiosité? Ce qui est sûr c'est qu'on ne s'ennuie pas entre virées dans les rues de la capitale écossaise, une rencontre fortuite dans une galerie d'art, des relations de couples étranges, une fiancée effrayante, et il est même question de fraudes à la bourse!

De nouveau, l'intrigue policière est à reléguer au second plan, puisqu'elle n'est encore ici que très mineure. Elle est l'occasion de faire la connaissance d'Isabel Dalhousie, de se perdre au milieu de ses raisonnements de philosophe (pour rappel, Isabel dirige une revue d'éthique appliquée), de ses tasses de café dans l'épicerie-restaurant de Cat (qui a encore déniché une fine fleur pour prétendant) mais aussi de ses discussions avec Jamie qu'elle désespère de recaser avec sa nièce ("dommage qu'il soit trop jeune pour moi" est pourtant ce qu'Isabel ne peut s'empêcher de penser!).

Une lecture vraiment sympathique, originale et douillettte. Les personnages de McCall Smith ont une saveur toute particulière. Et puis, ça donne une furieuse envie d'Edimbourg tout ça... J'aime, j'aime, j'aime!

Alexander McCall Smith, Le club des philosophes amateurs, 10/18, 300 pages, 2006

mercredi 15 septembre 2010

Anne... La maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery

À travers le récit de la vie d Anne Shirley, une jeune orpheline recueillie par les Cuthbert à Green Gables, Lucy Maud Montgomery nous invite à partager la vie des habitants de l'Ile-du-Prince-Édouard au début du siècle dernier. Personnage attachant, la petite Anne aura tôt fait de séduire son entourage par son courage, sa détermination et sa débrouillardise. Qui ne connait pas Anne Shirley, la délicieuse héroine de la série Anne... la maison aux pignons verts, série découverte en France grâce à sa diffusion à la télévision. Les lecteurs retrouveront ici avec bonheur ses désopilantes et inoubliables aventures. Génération après génération, les jeunes et les moins jeunes rêvent, rient et s émerveillent en suivant fidèlement les péripéties de cette attachante jeune fille aux cheveux roux tressés et aux yeux émeraude.

Anne Shirley m'a accompagnée pendant une bonne partie de ma session d'examen et je dois avouer que j'étais vraiment heureuse le soir de la retrouver pour le temps de quelques pages. C'est beau, attendrissant et vraiment réconfortant.

"Oh, Marilla, espérer quelque chose, c'est déjà ressentir la moitié du plaisir que cette chose vous procurera" (p.114)

Dans ce premier tome, nous assistons à l'arrivée d'Anne, une petite orpheline, dans la famille Cuthbert composée d'un frère et d'une soeur, Matthew et Marilla. Alors que les Cuthbert souhaitaient adopter un petit garçon pour soulager Matthew du rude travail de ferme, c'est une petite fille rousse, à la langue bien pendue, rêveuse, théâtrale dans ses manières et munie d'une passion très développée pour tout ce qui est romantique (au sens large du temre) qui les attend à la gare.

S'enchainent alors pour Anne de nombreuses péripéties, entre tendresse et hilarité. On perçoit l'évolution des personnages, la naissance de l'amitié, les petits différends. Lorsqu'elle croit servir du sirop de framboise à son amie de coeur Diane, ou qu'elle tente de se colorer les cheveux ou encore l'histoire du gateau fait spécialement pour Mme Allan. C'est un vrai régal. Au fur et à mesure qu'on avance dans le récit, Anne prend en maturité. Elle garde son tempérament rêveur mais la petite fille exubérante devient plus posée et reste tout aussi attachante.

Anne nous accueille avec joie dans son univers coloré et sur l'île enchanteresse qu'est celle du Prince Edouard. Lucy Maud Montgomery a un don pour les descriptions imagées et ses mots parviennent à redonner toute la dimension poétique des paysages grâce à l'infinie imagination de son personnage. Ainsi, nous avons le plaisir de gambader en compagnie d'Anne au bord du Lac aux miroirs, du chemin des amoureux, de la Source des fées ou encore du vallon des violettes.

"Le printemps; une fois de plus, était revenue à Green Gables, le beau printemps canadien, capricieux, hésitant, égrenant ses jours parfumés, purs et frisquets, et ses couchers de soleil roses tout au long d'avril et de mai, faisant surgir de la terre mille résurrections miraculeuses. Les érables du Chemin des amoureux se paraient de petits bourgeons rouges, tandis que de minuscules fougères bouclées commençaient à croître autour de la Source des Fées." (p.195)

Sa relation avec Matthew est très touchante. J'ai beaucoup aimé ce personnage. Il est taiseux et d'une extrême timidité mais l'auteure parvient à lui donner une place et une aura très importantes. J'ai vraiment regretté qu'il nous quitte si tôt. Anne est sa fierté et il est complètement sous le charme. Marilla est elle aussi géniale. Sévère mais juste, sa tendresse est débordante. Le roman est exploré par une quantité de personnages aussi particuliers que banals mais dont on ne saurait se passer; Diane, Gilbert, Mme Lynde, Mlle Barry, Mme Allan, ...

Anne est un personnage qui entretient notre bonne humeur en nous amusant de pages en pages. Sa fierté et sa naïveté l'entrainent souvent dans des situations cocasses pour le plus grand plaisir de son lecteur. J'aime beaucoup la manière dont elle envisage la vie. C'est une amie avec laquelle il est agréable de passer du temps. Et en ce qui me concerne, elle m'a apporté un réconfort précieux.

"C'est plus agréable de penser à de jolies choses qui vous sont chères et de les garder pour soi, comme des trésors." (p.309)

Livre lu dans le cadre du challenge:

Lucy Maud Montgomery, Anne... La maison aux pignons verts, Québec Amérique, 374 pages, 2001

lundi 26 juillet 2010

Les Penderwicks et compagnie (tome 2) : La rentrée de quatre filles, d'un papa célibataire adoré et de nombreuses amoureuses de Jeanne Birdsall

Comment faire pour ne pas tomber amoureux ? Suivez les guides ! Les soeurs Penderwick ont trouvé la recette : elles vous entraînent au coeur d'un plan extravagant, afin d'empêcher leur père adoré de rencontrer ce qui deviendrait... une abominable belle-mère ! Malheureusement, ce n'est pas gagné d'avance et les aventures des quatre filles ne font que commencer, pour le meilleur et pour le pire!

Ma première lecture de l'été et mon premier ravissement fut de découvrir les nouvelles aventures de la famille Penderwick. J'avais adoré le premier tome, le deuxième est tout aussi délicieux. Sans révéler l'intrigue principale, je tiens tout de même à vous avertir que je parle des personnages et de quelques anecdotes (en surface). Ceux qui souhaiteraient garder une surprise totale lors de leur lecture sont ainsi prévenus!

Les personnages sont toujours aussi savoureux. Rosalind a mûri même si elle doit faire face aux affres de l’adolescence, à la jalousie qu’elle éprouve envers une hypothétique nouvelle compagne pour son père (compagne qui se verrait lui voler sa place de « mère de substitution » - notamment auprès de Linotte, la plus jeune des sœurs, née quelques jours avant le décès de Mme Penderwick). Elle éprouve de nouveaux sentiments amoureux qu’elle a du mal à identifier au début (ce que ce voisin peut être agaçant !). Elle commence à développer des affinités avec le latin, ce qui n’est pas une mauvaise chose pour mieux comprendre le chef de famille. Nous faisons la connaissance d’Anna, sa meilleure amie que nous n’avions "rencontrée" que par correspondance lors de l’été des Penderwick à Arundel.

Skye et Jeanne restent fidèles à elles-mêmes. Toutes deux très passionnées mais dans des domaines opposés. Jeanne continue d’exploiter son imagination et écrit une délicieuse pièce de théâtre. Son sens inné du drame me fait penser à la délicieuse Anne Shirley même si cette dernière reste maîtresse dans cet art ! Skye est toujours passionnée par les chiffres et la science. La nouvelle voisine astrophysicienne l’impressionne et l’intéresse d’ailleurs beaucoup.

Quant à Linotte, et bien difficile de ne pas tomber sous le charme de cette petite fillette un peu déjantée. Son lien avec Crapule, le molosse de la famille est toujours plus étroit et l’amitié qui unit ces deux êtres est vraiment très drôle. J’ai adoré m’imaginer Crapule en train de se balader des cravates nouées aux pattes ou en escorte du chariot rouge de la petite fille transportant toute sa famille de peluche. Linotte a cependant quelques soucis, un vilain homme-mouche rôde dans le quartier. Pourtant aucune de ses sœurs ne la prend au sérieux ! Heureusement qu’il y a Ben, le petit garçon dont Linotte est bien décidée à être l’amie et qui vient d’emménager dans la maison voisine. Même s’il ne sait dire que « coin-coin », la cadette de la famille Penderwick adore passer ses après-midi en sa compagnie à jouer les espions…

Et pour terminer, un mot sur M. Penderwick qui est plus présent dans ce tome que dans le précédent. Il est la malheureuse victime de rendez-vous arrangés... C’est un personnage foncièrement drôle malgré lui, un peu hagard et déboussolé, très humain et adorable. Un papa célibataire merveilleux !

Bon, si je ne vous ai pas encore convaincus de lire ces deux merveilleuses pépites de la littérature jeunesse, je ne sais pas ce que je peux faire de plus ! Je ne saurais que conseiller aux amateurs du genre de se plonger sans peur dans ces aventures simples mais au combien sympathiques. Une vraie bouffée d’air frais provenant directement de notre enfance! Vivement le tome 3 qui devrait sortir en VO à l'été 2011, il s'intitulerait The Penderwicks at Point Mouette.

Jeanne Birdsall, Les Penderwick et compagnie (tome 2), Pocket Jeunesse, 297 pages, 2010

samedi 12 juin 2010

Le journal de Carrie de Candace Bushnell

Découvrez Carrie, ado dans une banlieue du Connecticut, rebelle rêvant du grand amour et de devenir un écrivain célèbre. Lorsque le ténébreux Sebastian débarque dans leur lycée, toutes les filles ont la tête qui tourne. Carrie aussi. Intriguant et imprévisible, Sebastian craque pour cette fille sexy aux bottes blanches et à l'humour ravageur. Mais rien ne se passe comme prévu et, après son diplôme de fin d'année, Carrie décide d'essayer de réaliser son rêve : partir à la conquête de la Grosse Pomme.

Comme je l'attendais avec impatience ce livre! Et la sortie du deuxième film Sex and the city n'a fait qu'attiser mon envie... Je ne me le suis pas acheté tout de suite et l’euphorie du moment était un peu passée quand je l’ai eu sous la main. Au final, je n'en ressors pas vraiment déçue mais pas vraiment super enthousiaste non plus.

On veut toujours en savoir plus sur nos héros préférés, comprendre comment ils sont devenus ce qu'ils sont, les choix ou situations auxquels ils ont été confrontés, leur enfance, leur adolescence, leur famille, le premier amour, etc. Et bien c'est ce que nous offre Candace Bushnell avec son dernier roman.

Le livre a un côté très ado qui m'a légèrement prise de court au début mais après réflexion, un titre comme celui-ci aurait dû m'avertir, je pense. Une fois habitués au ton, nous entrons rapidement dans l'histoire et les pages se tournent facilement.

Carrie a, du haut de ses 17 ans, tout du personnage attachant. Elle nourrit déjà l'ambition de devenir écrivain, rencontre son premier amour, doit faire face à des déceptions et se battre pour rester elle-même et devenir ce qu'elle souhaite. Elle évolue vraiment et le lecteur assiste avec plaisir aux prémisses de la naissance de la Carrie Bradshaw qu'il connait et qu'il adore. On la sent devenir plus forte et gagner en confiance même si ce n'est pas toujours facile. J'ai vraiment adoré le moment où elle prend les choses en main sous la plume de Pinky Weatherton, c'était drôle et intelligent même s'il est difficile de croire que les lycéens n'aient pas eu de doutes quant à l'auteur véritable des articles... Le roman met en scène de nombreux personnages aussi sympathiques qu'irritants. George, Walt et La souris sont ceux que j'ai le plus appréciés.

Même si je suis restée sur ma faim à plusieurs niveaux (notamment la rencontre avec l'écrivain, j'ai trouvé ça un peu léger), je ne peux qu'avouer avoir passé un bon moment en compagnie de Carrie. Et puis le clin d'oeil de la dernière page rattrape tout le reste, il faut bien l'avouer !

A noter que Candace Bushnell écrit actuellement une suite à ce préquel qui mettrait en scène les débuts de Carrie à NY. Inutile de préciser que je suis très très impatiente!

Candace Bushnell, Le journal de Carrie, Albin Michel, 448 pages, 2010

lundi 7 juin 2010

Les sang-bleu et Les sang d'argent de Melissa de la Cruz (Tome 2 et 3)

Dans le cercle fermé de la jeunesse dorée de Manhattan, évoluent des garçons et des filles magnifiques, branchés et snobs. Quand Aggie, élève du très select lycée Duchesne est découverte morte, vidée de son sang, le cours de la vie dans ce microcosme semble se dérégler. D'étranges symptômes alertent les élèves : ils sont hors du commun. Grâce à leurs aînés ils découvrent leur nature de "sang-bleus" et les codes qui régissent cette famille. Théodora aidée de ses amis enquête sur la mort de la jeune fille et comprend que certains d'entre eux bafouent les lois et mettent la survie de cette ancienne lignée en péril. Parviendront-ils à se protéger du danger qui les assaille ? (Résumé Tome 1, pour éviter les spoilers)

Aaaah les vampires... On en voit partout partout ces derniers temps. Je ne suis pas particulièrement attirée par toute cette frénésie marketing mais j'avais quand même craqué il y a quelques mois pour le premier tome Les vampires de Manhattan de M. de la Cruz. J'avais vraiment apprécié ma lecture; l'histoire s'était révélée assez chouette et originale dans la construction du mythe vampirique.

Dans ces deux tomes suivants, nous nous familiarisons avec le monde créé par Melissa de la Cruz. Le voile se lève toujours un peu plus sur le passé de chacun des personnage, on en apprend davantage sur la manière dont le clan s'organise, sur les anciens, les rituels, etc.

Les personnages s'affinent et s'avèrent intéressants contrairement à l'impression de superficialité qu'ils dégageaient au début. J'ai une préférence marquée pour Oliver, le meilleur ami de Theodora qui est aussi son "familier" c.à.d. son contact humain, son intermédiaire. Parmi les vampires, Bliss est un personnage intéressant et la fin du troisième tome nous laisse sur notre faim en ce qui la concerne. J'aime beaucoup le personnage du grand-père de Theodora, surtout la manière dont se déroule sa rencontre avec sa petite fille.

Le mystère autour des sang d'argent fait travailler les méninges de la communauté; certains convaincus de leur existence alors que d'autres persévèrent dans leur déni. Même si nous assistons à quelques révélations, l'intrigue reste un amas de noeuds qu'on tente tant bien que mal de démêler (sans y parvenir encore).

Ces deux tomes ont un goût d'entre-deux, donnant quelques réponses et quelques pistes au lecteur tout en lui donnant l'impression que le meilleur reste à venir. L'intrigue se complexifie progressivement. L'auteur a réussi à trouver un équilibre très appréciable.

Pour conclure, car je ne veux pas donner trop de détails, je dirais qu'il s'agit là de deux tomes fort sympathiques, qu'on lit très rapidement sans pour autant qu'on puisse les qualifier d'addictifs. Le problème du coup est qu'on ne garde pas de trace très marquée des évènements... Mais je ne compte pas tarder à ouvrir le quatrième tome Le baiser du vampire qui est aussi le dernier paru, en français du moins. Le cinquième volet devrait arriver bientôt d'après ce que j'ai pu lire et il s'intitulerait Le secret de l'ange.


Melissa de la Cruz, Les sang d'argent, 2009, 295 pages

et Les sang-bleu, 2009, 336 pages, Albin Michel

vendredi 30 avril 2010

Mange, prie, aime d'Elizabeth Gilbert

A trente et un ans, Elizabeth possède tout ce qu’une femme peut souhaiter : un mari dévoué, une belle maison, une carrière prometteuse. Pourtant, elle est rongée par l’angoisse et le doute. Un divorce, une dépression et une liaison désastreuse la laissent encore plus désemparée. Elle décide alors de tout plaquer pour partir seule à travers le monde ! En Italie, elle goûte aux délices de la dolce vita et prend les « douze kilos les plus heureux de sa vie » ; en Inde, ashram et rigueur ascétique l’aident à discipliner son esprit et, en Indonésie, elle cherche à réconcilier son corps et son âme pour trouver cet équilibre qu’on appelle le bonheur… Et qui n’a jamais rêvé de changer de vie ?

Ce roman est une bouffée d'air frais, un roman/thérapie qui fait du bien à l'esprit et qui nous rappelle que l'important dans la vie est de se sentir en paix avec soi-même, en harmonie avec ce qui nous entoure. C'est un témoignage très touchant que nous livre Liz, avec simplicité et honnêteté, le tout raconté avec beaucoup d'humour.

L'histoire nous est racontée sur un ton de confidence et une complicité s'installe d'emblée entre l'auteure et son lecteur. Pour ma part, plus je tournais les pages, moins j'avais envie de terminer le livre. J'aurais voulu rester en compagnie de cette jeune femme charmante qui, à bout de nerfs et malade d'anxiété décide de changer de vie et de reprendre le contrôle d'elle-même. Au cours d'une année à l'étranger, d'abord en Italie, puis en Inde et enfin en Indonésie, Liz réapprendra à croire en elle-même et fera de nouveau confiance à la vie.

Le livre est divisé en trois parties, chacune consacrée à un pays, et désignée par un mantra qui a donné son titre au livre: Mange, Prie, Aime. Au fur et à mesure de son récit, nous en apprenons plus sur Liz et sur ce qui l'a conduite à un tel état de détresse physique mais surtout psychologique. Un mariage qui ne la rend pas heureuse, le divorce difficile qui a suivi et qui l'a brisée, une nouvelle histoire d'amour compliquée, passionnelle mais ingérable ont conduit notre héroïne à faire des choix et à retrouver cette parcelle d'amour propre soigneusement enfoui, malmené et qui semblait jusque là voué à le rester.

Les mois qu'elle passe en Italie sont placés sous le signe du plaisir. Liz décide d'apprendre l'italien et se perdre dans les méandres mélodieux de la langue est pour elle l'un des plus beaux cadeaux qu'elle se fait à elle-même. Pendant quatre mois, elle goûte aux plaisirs de la nourriture italienne, des pizzas qu'aucun adjectif n'est susceptible de décrire, des glaces à toute heure, bref, comme elle le dit elle-même, ce sont les douze kilos les plus heureux de sa vie. La deuxième période est placée sous le signe de l'introspection, et se déroule dans l'ashram de son guru (à ne pas prendre dans le sens péjoratif du terme) en Inde. Liz apprend alors à prier la "divinité qui est en elle". Elle goûte à la pureté du silence et aux bienfaits de la méditation, épreuve qui ne fut pas toujours facile pour elle. En Indonésie, elle tente de concilier l'art du plaisir et l'art de la dévotion pour trouver l'équibre fragile qu'est le bonheur aux côtés d'un sorcier balinais Ketut Liyer.

J'ai trouvé ce récit poignant et spontané tout en étant incroyablement intéressant. Nous flânons dans ces trois pays en compagnie de Liz (et des amitiés qu'elles se forgent sur place) qui nous les fait découvrir avec un regard plus novateur et moins conventionnel que d'ordinaire. Découvrir un pays de cette manière est vraiment agréable et me donnerait (presque) le goût au tourisme sauvage (le temps d'une seconde). La spiritualité est au coeur du roman et Liz parvient à nous donner envie de s'y essayer, à apprendre à se couper du monde dingue qui nous entoure et à trouver la bonne fréquence pour harmoniser son corps et son esprit. Certains passages peuvent paraître plus longs, notamment en Inde où la méditation a ses hauts et ses bas mais chacune de ces 500 pages fut pour moi un régal. J'ai adoré la période en Italie, pour ses plaisirs à profusion mais aussi parce qu'elle marque la renaissance de notre héroïne et le début d'une quête de soi touchante et généreuse.

J'en ai déjà parlé mais un film éponyme sortira dans nos salles en septembre avec dans le rôle de Liz, Julia Roberts. Et la BA est très très prometteuse.

Elizabeth Gilbert, Mange, prie, aime, Le livre de poche, 506 pages, 2009

mardi 27 avril 2010

La communauté du sud: Quand le danger rôde (tome 1) de Charlaine Harris

Les vampires vivent désormais parmi les humains grâce à un substitut leur permettant de se nourrir sans tuer. Mais la méfiance règne toujours à Bon Temps, petite ville de l'Amérique profonde. L'arrivée de Bill, ténébreux vampire va bouleverser la vie de la jeune serveuse télépathe, Sookie, d'autant qu'une vague de crimes s'abat sur la ville.

Bon, une chose est certaine, ici, on ne joue pas dans la cour de la grande littérature mais la série ne prétend pas non plus en être. Je m'attendais à quelque chose de léger, qui me détende et qui se lirait vite. Pour le coup, le défi est relevé parce que c'est bien ce que ce premier tome m'a apporté, mais rien de plus. Je ne pense pas qu'à la base le style de Charlaine Harris soit extraordinaire mais je pense vraiment que l'histoire y gagnerait à être lue en anglais. Parce que j'ai trouvé la traduction de ce premier tome mauvaise, des phrases alambiquées, du jargonnage, des adjectifs mal choisis qui tombent comme un peu comme un cheveu sur la soupe. C'est maladroit et le récit en pâtit. Je pense donc poursuivre en VO.

L'histoire en elle-même est plutôt chouette et originale. Pas tellement pour son intrigue policière qui n'est qu'un prétexte mais pour son idée d'intégrer les vampires dans le quotidien de notre société; c'est innovant et ça permet d'insuffler un gros plus à l'histoire. Et puis, c'est une métaphore bien trouvée sur notre capacité (ou non) à intégrer la différence, ce qui est loin d'être gagné pour le coup - ben oui, être destitué de son rôle de prédateur, ça en fait flipper plus d'un. Les vampires ne doivent plus se nourrir de sang humain et peuvent désormais vivre grâce à du sang synthétique. Evidemment, beaucoup préfèrent garder leurs anciennes habitudes. Ainsi, ils se nourrissent encore sur des volontaires (ou non). Le sang de vampire est aussi consommé par les humains comme substance illicite hallucinogène et comme stimulant sexuel.

Le récit est centré autour de Sookie Stackhouse, une jeune femme un peu spéciale puisqu'elle a le don d'entendre les pensées des personnes qui l'entourent. Quoique parfois trop naïve et niaise sur les bords, Sookie ne demeure pas moins un personnage auquel on s'attache vite. Elle ne manque pas d'humour et nous fait passer un très bon moment. L'un des autres personnages principaux est Bill, on le devine, le futur amoureux de la belle. Je suis bien plus réservée en ce qui le concerne. Je l'ai trouvé fade, au mental au ras des pâquerettes parfois et obsédé. De nombreux autres personnages dont je ne citerai qu'Eric (aka the viking vampire), on ne le rencontre que peu mais c'est de bonne augure (:p - je l'aime beaucoup dans la série aussi).

Harris installe le tout dans une atmosphère très harlequinesque mais un peu d'eau de rose n'a jamais tué personne (quoique). Une lecture sympathique donc, rapide et probablement (très certainement même) meilleure en anglais.

Charlaine Harris, La communauté du sud Tome 1, J'ai lu, 314 pages, 2009

jeudi 15 avril 2010

Les Penderwick: L'été de quatre soeurs, de deux lapins et d'un garçon très intéressant de Jeanne Birdsall

Véritable coup de coeur! Il fait partie de ces livres qu'on lit avec volupté comme on déguste un chocolat chaud. Il est rempli de douceur, se lit rapidement et est sans conteste l'une des meilleures sources de réconfort que j'ai connue jusqu'ici. Cette petite pépite de 250 pages environ nous donne un avant-goût des vacances à venir, non sans évoquer la nostalgie de notre enfance.

Le roman jeunesse de J. Birdsall nous fait nous replonger au coeur de notre enfance en nous racontant les aventures estivales de quatre soeurs: Rosalind, Skye, Jeanne et Linotte. Orphelines de mère, elles sont élevées par leur père, professeur de biologie un peu dans la lune. Il s'exprime souvent en latin et ne vit que pour ses filles et ses plantes. Cette année, les filles ne passent pas leurs vacances au même endroit que les années précédentes et on sent comme une vague d'inquiétude envahir l'ambiance générale. Vont-elles autant s'amuser? L'endroit que leur père a choisi saura-t-il répondre à leurs attentes? Vont-elles rencontrer des personnes sympathiques?

Arrivés à Arundel, on se répartit les chambres et l'exploration peut commencer. C'est alors que Skye rencontre Lucas, le jeune garçon habitant l'imposante demeure dont les Penderwick occupent le pavillon. Cette première prise de contact se solde par une bosse sur la tête et quelques mots maladroits. Une RSP (réunion des soeurs Penderwick - il y a aussi les RAP: réunion des ainées Penderwick) est convoquée... il faut absolument que le mal soit réparé. L'idée est géniale, je suis sous le charme de ce quatuor aux membres aussi disparates qu'unis.

Les personnages de J. Birdsall sont adorables. On ne peut que les aimer, avec une petite préférence pour Jeanne qui est particulièrement imaginative. Elle rêve de devenir écrivain et son héroïne Sabrina Starr est absolument exquise! Rosalind, l'aînée est un véritable socle, surtout pour Linotte, la plus jeune qui souffre d'un manque maternel. Rosalind lui permet d'établir une connexion avec sa mère en lui racontant des anecdotes passées. On s'imagine Linotte comme un petit papillon (elle porte toujours de fausses ailes sur le dos) en communion avec la nature. En effet, c'est la seule capable de comprendre le langage chien de Crapule (le chien Penderwick) et d'amadouer les lapins de Thomas, le jeune jardinier qui s'occupe du domaine. Skye est la plus singulière: de nature franche, elle se met souvent dans des situations fâcheuses. Le plus atypique est qu'elle trouve que la résolution de problèmes mathématiques est très divertissante! Lucas est passionné de musique, il est de nature douce, compréhensive et très courageuse. On l'adore! Tous les personnages sont chaleureux, spontanés et drôles. Il n'y a que Mme Tifton, la mère de Lucas et son fiancé l'affreux Denis qu'on aime moins. Mais quel plaisir on prend à les détester en compagnie des Penderwick!

Birdsall évoque différents sujets comme les premiers sentiments amoureux, la jalousie, la culpabilité, l'importance de l'imaginaire, le deuil, la communication au sein de la famille, le lien extraordinaire qu'est celui de l'amitié... Elle ponctue son récit de situations désopilantes au cours desquelles il est impossible de ne pas tomber amoureux de ses personnages. Bref, un dépaysement total. J'ai ADORE. Et puis, les soeurs Penderwick ne sont pas sans rappeler les quatre fills d'un certain Dr. March! Hâte de découvrir le tome 2 qui est sorti en anglais...

Jeanne Birdsall, Les Penderwicks (tome 1), Pocket Jeunesse, 251 pages, 2008

dimanche 11 avril 2010

The Jane Austen book club de Karen Joy Fowler

Dans la vallée de Sacramento en Californie, Bernadette, Jocelyn, Sylvia, Prudie, Allegra et Grigg forment un charmant club de lecture avec pour objectif la lecture des six romans principaux de Jane Austen. Un roman par mois et une réunion chez celui ou celle qui avait été "désignée" pour le titre en question. All Jane Austen all the time.

L'idée est géniale, non? Et comme l'adaptation du roman figure parmi mes films préférés (et donc vus un nombre indécent de fois), lire le roman était incontournable. Et la couverture, avec une couverture comme celle-là - AUCUN moyen de résister ! Et pourtant, j'en ressors mitigée. Je n'ai jamais vraiment réussi à entrer dans le roman. Disons que c'est une lecture relativement plaisante mais qui ne me restera pas longtemps à l'esprit.

Le thème principal, Jane Austen, m'a laissée sur ma faim. Dire qu'on ne parle pas d'Austen serait faux mais je m'attendais à davantage être plongée dans l'univers de la romancière, de retrouver l'ambiance de ses romans à la place de quoi j'ai trouvé parfois l'atmosphère glauque et surfaite. Le découpage des chapitres en fonction des romans était une idée à la fois simple et sympathique mais qui ne fonctionne pas vraiment au final. On découvre tour à tour les personnages dont l'auteur nous raconte quelques anecdotes. Certaines sont sympathiques à découvrir, d'autres font plus office de bavardages intempestifs. Ces moments choisis de la vie de nos héros n'ont pas réussi à me captiver et je n'ai pas su vaincre la distance toujours grandissante qui s'installait entre ces personnages (que j'aime pourtant d'amouuur dans le film mais qui ont dans le roman un côté parfois crispant) et moi. C'est peut-être là d'ailleurs la force du film qui fait l'impasse sur le passé de nos héros pour ne se concentrer que sur leur présent.

Je ne dis pas que j'ai passé un "mauvais" moment, j'ai quand même eu plaisir à lire ce livre mais je ne pense pas que ça aurait été le cas si le thème principal avait été autre. Pour résumer, je dirais que j'aimais beaucoup les idées de l'auteur comme le club de lecture, Jane Austen, un choix varié de personnages et des moments choisis de leur vie pour les décrire mais au final, rien ne m'a convaincue. Et ça m'embête un peu parce que c'est comme si je "voulais" aimer ce roman, dommage... En fait, je ne ressors pas mitigée mais franchement déçue. Il me reste un autre roman de Karen Joy Fowler à lire, j'espère qu'il saura davantage me convaincre !

L'avis plus enthousiaste de Soph, ici.

Lu dans le cadre du challenge

Karen Joy Fowler, The Jane Austen book club, Penguin Books, 304 pages, 2005

dimanche 4 avril 2010

Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde

Que c'est triste ! Je vais devenir vieux, horrible et épouvantable. Mais ce portrait, lui, demeurera toujours jeune. [...] Si seulement c'était moi qui devais rester éternellement jeune et le portrait qui devait vieillir ! Pour cela, je donnerais tout ! [...] Je donnerais mon âme ! Toute l'intrigue de l'unique roman d'Oscar Wilde est en germe dans ce vœu aux accents de pacte faustien. Dorénavant, Dorian Gray ne vieillira plus : c'est son portrait qui portera les stigmates de son âge, de ses vices et de ses crimes.

Je n'avais encore rien lu d'Oscar Wilde mais quel délicieux avant-goût de son oeuvre qu'est ce roman. J'ai absolument adoré l'histoire, les personnages, l'ambiance, ce livre m'a fait passer quelques heures aussi merveilleuses qu'inquiétantes. Un gros gros coup de coeur pour cet écrivain et ses aphorismes qui sont de véritables perles adroitement dispersées par l'auteur et goulûment consommées par le lecteur!

Le portrait de Dorian Gray nous raconte l'histoire d'un jeune homme qui, simultanément, prend conscience de sa beauté envoûtante au travers d'un portrait qu'a fait de lui son ami le peintre Basil Hallward, et devient convaincu, par un ami de ce dernier, Lord Henry Wotton, que la jeunesse est tout ce qui compte. Jaloux de la jeunesse éternelle du tableau qu'il a entre les mains, il émet le souhait insensé de rester lui-même toujours jeune et séduisant et de faire subir au tableau les affres de la vieillesse. Dorian Gray n'a alors pas conscience que le voeu qu'il vient de formuler s'est réalisé... Ce n'est que lorsqu'il rentre chez lui après avoir cruellement renié Sibyl Vane, une jeune actrice dont il croyait être amoureux, qu'il constante un léger changement dans le tableau. L'expression paraissait différente. On eût cru qu'il y avait une ombre de cruauté dans la bouche. D'abord effrayé, il promet de se racheter mais l'influence aussi malsaine qu'envoûtante de Lord Henry jointe à l'excitante perspective de ne pas vieillir, ni même de porter le poids de ses péchés conduiront Dorian Gray vers une vie de débauche, à faire du péché une raison de vivre.

Pendant près de vingt années, Dorian incarnera la débauche mêlée à une vanité sans pareille; prenant plaisir à voir le portrait vieillir et porter le poids de ses agissements nuisibles à tous ceux qui ont le malheur de l'approcher. Rien n'est suffisant et son âme altérée le conduira bientôt au crime. La raison n'est plus, la passion ne peut s'exprimer qu'au travers de moeurs débridées et d'une vie de dépravation. Il commence à être fuit comme la peste et regardé avec dégoût mais la fascination persiste toujours. Lord Henry Wotton lui reste proche, parce qu'il exerce sur Dorian (comme sur le lecteur) une emprise inépuisable. Il dispose d'un charisme ensorcelant et on n'est jamais las de sa compagnie. Il débite à longueur de temps des théories à la fois subtiles et immorales, de véritables joyaux qui font de ce personnage l'un des meilleurs que j'ai pu rencontrer jusqu'ici. Alors que Gray peut paraître fade, influençable et parfois benêt sur les bords, Henry est d'une intelligence fine et d'un cynisme à toute épreuve, d'une insensibilité mordante et d'une répartie inconvenante foncièrement savoureuse. Une merveille qui nous fascine non sans en éprouver un plaisir coupable. Le roman vaut d'être lu, rien que pour faire la connaissance de ce personnage subtilement dérangeant.

Il rejoint sans hésitation mes livres préférés et ne fait qu'attiser ma curiosité de découvrir le reste de l'oeuvre d'Oscar Wilde.

Lu dans le cadre du challenge:

Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, Le livre de poche, 285 pages, 1972