dimanche 30 août 2009

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de M.A. Shaffer et A. Barrows

Nous sommes en 1946, Juliet Ashton est en tournée pour promouvoir son ouvrage: un recueil des articles qu'elle a publié pour un journal durant la guerre. Au cours de ce périple, elle reçoit une lettre d'un inconnu prénommé Dawsey dont un ancien livre ayant appartenu à Juliet est tombé entre les mains. Une correspondance anodine au début et très amicale ensuite commence alors entre Dawsey et Juliet. Celui-ci lui parle du Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey. Elle est d'emblée intriguée, il faut bien avouer que c'est légitime. Comment un nom tel que celui-là ne pourrait pas lui donner envie de savoir ce qu'il signifie? Dawsey lui explique qu'il s'agit d'un cercle formé par lui et des amis du village pendant l'occupation de l'île de Guernesey par les allemands. Un cercle grâce auquel l'occupation semblait moins présente, l'espace d'une soirée.

Juliet entame alors une correspondance avec Amelia, Isola, Eben, Eli, Will, John ou encore Clovis. Tous sont d'accord pour parler de leurs réunions littéraires à Juliet. Cette dernière est à la recherche d'un sujet pour un nouveau livre et cette histoire peu commune lui semble être une bonne piste.

A travers leurs lettres, elle découvre un peu de leurs personnalités. Tous parlent d'une certaine Elizabeth, une jeune femme courageuse, inventive et aimée de tous. C'est elle qui est à l'origine du cercle. Malheureusement, elle fut déportée et les habitants de l'île sont sans nouvelles d'elle depuis la fin de la guerre. Bien qu'absente physiquement, Elizabeth est omniprésente dans le roman et dans les souvenirs de ses amis.

Après de nombreuses lettres échangées, Juliet décide de se rendre sur l'île afin de faire la connaissance de ces personnes dont elle chérit les mots. C'est immédiatement le coup de foudre pour Juliet comme pour le lecteur... L'île, ses habitants mais aussi Kit, la petite fille qu'Elizabeth a laissée aux soins de ses amis participent à notre fascination à travers les yeux de Juliet.

Cette histoire m'a emportée dans un tourbillon de bonheur même si ce qu'elles nous racontent est parfois très dur. Ce livre est avant tout un livre d'espoir, cette volonté d'aller de l'avant, de vouloir oublier les actes horribles du passé sans pour autant les nier. L'espoir de pouvoir mener de nouveau une vie normale après la guerre.
Tous les personnages sont aussi riches les uns que les autres: le côté timide de Dawsey, la singularité d'Isola, la cuisine de Will, les frasques de John, la bonté d'Eben, le talent d'Eli, la gentillesse d'Amelia qui semble veiller affectueusement sur cette communauté. Mais surtout Kit! Ce petit bout m'a envoûtée!

Bref, ce livre, c'est un véritable coup de foudre. Et le petit plus: une couverture absolument magnifique enrobée d'une aura de nostalgie. Un petit bijou.

M.A. Shaffer et Annie Barrows, Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, Nil, 396 pages, 2009

mardi 25 août 2009

Twenties Girl de Sophie Kinsella

Alors que Lara assiste aux funérailles de sa grand-tante Sadie, elle voit se manifester devant elle le fantôme de celle-ci. Bien que décédée à 105 ans, Sadie apparaît dans la peau de ses vingt-ans (et des poussières). Une seule obsession l’anime : retrouver son collier en forme de libellule sans lequel il ne lui est pas possible de reposer en paix. D’abord déboussolée, Lara se demande si quelque chose ne cloche pas chez elle, en plus de son travail qui ne tient plus qu’à un fil depuis que sa meilleure amie et associée s’est fait la malle pour l’Inde sans prévenir et de sa récente rupture avec Josh, qu’elle veut à tout prix récupérer. Persuadée que Sadie est bien réelle et qu’il est de son devoir d’aider cette tante qu’elle n’a jamais vraiment connue, Lara commence la quête au collier perdu. Petit à petit, une amitié se lie entre les deux jeunes femmes qui changera leurs vies à toutes les deux, pour leur plus grand bonheur.

Ceux qui connaissent les romans de Sophie Kinsella savent que ses héroïnes ont toujours ce petit quelque chose de déjanté et d’extrêmement attachant. Lara et Sadie ne font pas exception à la règle. Si je devais qualifier le personnage de Lara, je dirais qu’il est profondément humain. Elle a le cœur sur la main, au prix de passer (souvent) pour une foldingue. C’est une incomprise optimiste, qui ne lâche pas le morceau là où beaucoup auraient renoncé. La quête que lui assigne Sadie va la pousser dans ses retranchements et donner lieu à des scènes tout à fait burlesques.

Même si certains éléments sont prévisibles, Kinsella a réussi à me surprendre, par les anecdotes et les situations tendres, touchantes ou totalement saugrenues dans lequelles elle place ses personnages. Le passage où Lara joue au medium m’ai fait beaucoup rire. La fin de l’histoire ne se devine pas lorsqu’on commence le roman même si le genre nous promet un dénouement heureux.

Ce que j’ai le plus aimé, c’est de me retrouver dans une ambiance en demi-teinte des années 20 dans lequel nous plonge le roman avec le personnage de Sadie. Et puis le dénouement autour d'un tableau est délicieux. Kinsella nous prouve encore ici qu’elle est un des maîtres en matière de chick-lit. Aussi délicieux, bien que plus travaillé, que Les petits secrets d'Emma.

Sophie Kinsella, Twenties girl, Bantam Press, 432 pages, 2009

samedi 15 août 2009

L'amour est à la lettre A de Paola Calvetti

Milanaise romantique, Emma décide de changer radicalement de vie en ouvrant une librairie de quartier baptisée Rêves&Sortilèges. Le charme et l'originalité de sa boutique résident dans sa spécialité : les livres consacrés à l'amour. Emma, qui semble s'être résignée au célibat depuis son divorce, na pas son pareil pour dénicher l'ouvrage qui aidera un client perdu sur la carte du Tendre. C'est évidemment par l'intermédiaire d'un livre qu'Emma retrouvera Federico, son grand amour de jeunesse. Alors qu'ils ne se sont pas vus depuis trente ans, tout se passe comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Si ce n'est que Federico vit à présent à New York, où il est architecte, marié et père d'une adolescente. Malgré tout, Federico et Emma entament une relation épistolaire, après avoir ouvert chacun une boîte postale dont ils sont les seuls à connaître l'existence... Dans ce roman hors normes, Paola Calvetti rend un vibrant hommage au pouvoir des mots et de la littérature. A lire pour rêver, les yeux ouverts, à toutes les possibilités de l'amour.

J'ai enfin achevé L'amour est à la lettre A de Paola Calvetti. Enfin car tout au long de ma lecture, j'ai eu l'impression de stagner. Les pages se succédaient mais sans cette impression d'avancer dans le récit.

Alors que l'histoire en elle-même avait tout pour me plaire, c'est au style de l'auteure que je n'ai pas accroché. Comme certaines des lettres que s'échangent les amants, je l'ai trouvé tantôt trop technique et descriptif, tantôt trop imagé, au point de ne pas bien comprendre l'idée qu'a voulu faire passer l'auteure. Aussi, cette impression que le roman fait l'impasse sur des éléments essentiels, comme les lettres qui ne s'attachent qu'à des détails et passent outre les points majeurs de la relation entre les deux protagonistes.

N'allez pas croire que je n'ai pas aimé ce roman, c'est juste que je m'attendais à beaucoup mieux. Je pensais l'ouvrir et ne plus le refermer. Certains passages sont scolaires et rébarbatifs. Pas que je n'aime pas apprendre, entendons-nous bien, j'ai adoré me promener dans le New-York de Federico et dans le Milan d'Emma. Mais ces petites leçons et cet étalage de culture m'ont un peu assomée, d'où peut-être cette impression de ne pas avancer dans ma lecture.

Du positif, quand même. La LIBRAIRE. Je pense qu'elle est l'archétype de la librairie de rêve. Si le roman ne vaut pas forcément d'être lu pour ses personnages, il le mérite rien que pour se balader dans Rêves&Sortilèges. J'ai trouvé les idées d'Emma vraiment novatrices et d'une originalité étonnante. D'abord, les vitrines, toutes plus exceptionnelles les unes que les autres. Ainsi que Les petits après-midi d'Emma; La bourse aux échanges: une histoire qui finit bien en vaut deux qui finissent mal, un roman où l'homme est un salaud s'échange contre deux romans où les femmes sont des peaux de vache; Les adaptations cinématographiques des romans; les marathon lecture, L'auberge des rêves,... Je rêverai de diriger un pareil endroit, unique!

Les personnages secondaires sont quant à eux assez chouettes. J'ai beaucoup aimé le couple Alice/Michele, tous deux fabuleux. Surtout le franc-parler d'Alice et sa manière d'être qui ne sont pas pour rien dans le succès de Rêves&Sortilèges. J'ai souri devant les scepticisme d'Alberto et été attendrie par la toute fin (parce que faire mourir Anna du syndrôme Coeur brisé, j'ai trouvé ça too much). Par ailleurs, je suis ressortie du roman avec quelques livres supplémentaires sur ma liste à lire!

Paola Calvetti, L'amour est à la lettre A, Presses de la cité, 381 pages, 2009

dimanche 9 août 2009

Ex and the city d'Alexandra Heminsley

Une première incursion dans la non-fiction pour Mille Comédies avec cet indispensable et très hilarant manuel à l'usage de toutes les filles qui ont eu, fane fois dans leur vie, le cœur en lambeaux. Après de nombreuses séparations, Alexandra Heminsley, auto-proclamée " Reine des larguées ", a décidé d'écrire le guide que nous attendions toutes, où l'on découvre : divers exemples de plaquages particulièrement cruels et comment s'en sortir avec dignité, les grandes larguées de l'Histoire, de Cléopâtre à Jennifer Aniston, en passant par la reine Didon, Scarlett O'Hara, Maria Callas et même l'écrivain Lionel Shriver, ce qu'il faut faire - et ne pas faire'. - pour surmonter le cap critique des premières 24 heures, la stratégie de Lily : les conseils d'une serial loveuse, comment gérer au mieux la très délicate étape de la coupe de cheveux post-rupture, ce qui se passe, scientifiquement parlant, quand on est larguée et que, bonne nouvelle, ça se soigne ! Et encore huit autres chapitres bourrés de fantaisie et d'humour, fourmillant d'astuces pour se sortir avec grâce des situations désespérées et découvrir que l'adage " Un de perdu, dix de retrouvés " se vérifie toujours...

Après une semaine mouvementée, j'ai enfin achevé Ex and the city, offert par Suzanne de Chez les filles (que je remercie encore!). Ma première impression au terme de cette lecture est celle-ci: j'ai beaucoup ri! J'ai souri aussi et je ne me suis pas ennuyée. Certains chapitres étaient plus accrocheurs que d'autres, comme par exemple celui où l'on découvre les conseils de Lily, judicieux et drôles. L'idée d'intégrer les chansons rythmant les ruptures était assez appropriée mais sur la fin, j'ai trouvé ça un peu lassant. J'avais hâte de passer au chapitre suivant.

Les idées sont parfois un peu rébarbatives mais dans l'ensemble, c'est un très bon manuel de survie à l'usage des filles larguées, à mi-chemin entre le roman chick-lit et le bouquin de développement personnel. Une alliance intelligente au haut potentiel de séduction sans être révolutionnaire.

Ce que j'ai le plus apprécié: l'auto-dérision de l'auteur, on se sent proche d'elle, même si nous n'avons pas forcément son vécu derrière nous. Et la fin du récit m'a beaucoup touchée parce qu'elle reprend un peu la manière dont j'envisage ma vie. A deux, avec celui dont on rêve c'est génial mais à défaut, seule c'est tout aussi bien. Et puis, quand il est question de New-York, moi, mon coeur chavire. Enfin, les références aux célébrités (même si on ne les connait pas toutes) sont les épices qui pimentent le récit, et cela, toujours avec beaucoup d'humour.

Un passage: [Attention pour celles qui ne l'ont pas lu, il s'agit d'un passage de la fin]
Ces derniers temps, il m'avait semblé pouvoir comparer ma vie émotionnelle à un pul coincé dans une portière, que je voyais s'effilocher, impuissante. Mais à présent, tout cela prenait un sens. J'avais gagné mon ticket d'entrée pour la Grosse Pomme. J'étais aux anges d'explorer seule la ville. Jamais je ne dirais que je l'avais découverte avec X ou Y; New York ne serait pas la ville où j'aurais accompagné un ex-petit ami. Ce serait MA ville.

Un grand merci à Suzanne du site
Chez les filles !

Alexandra Heminsley, Ex & the city, Belfond, 252 pages, 2009