dimanche 26 septembre 2010

Corduroy Mansions d'Alexander McCall Smith

Welcome to Corduroy Mansions in Pimlico: a temple of Arts and Crafts architecture, with comforting, weathered brickwork and frankly frivolous dormer windows, it is home to a delightfully eccentric cast of Londoners.

In the top flat lives William, with a faithful ex-vegetarian dog named Freddie de la Hay and a freeloading son who he hopes will soon fly the nest. Four lively young women share the first-floor flat, including twinset-and-pearls Caroline from Cheltenham, Dee, vitamin addict and avid subscriber to Anti-oxidant News, and Jenny, a put-upon PA. And round the corner lives Oedipus Snark MP, possibly the world’s only loathsome Lib Dem, who has succeeded in offending everyone he knows, and many others besides. But what dark revenge is being plotted by his mother, Berthea Snark, and by his girlfriend, Barbara Ragg…?

Dans cette nouvelle série, McCall Smith donne vie à de nombreux personnages aussi singuliers qu’attachants. Le lecteur les accompagne d’une situation cocasse à une autre, dans une ambiance londonienne qui laisse rêveur.

Une partie des (nombreux) personnages habitent Corduroy Mansions, un immeuble londonien situé dans le quartier de Pimlico. L’autre partie étant composée de personnages qui sont leur sont reliés à ceux d’une façon ou d’une autre. L’ensemble forme un nœud de relations imprévisibles, colorées et nuancées à la fois que le lecteur se fait un plaisir de démêler au fil des pages.

Parmi ses résidents, nous trouvons William French qui désespère de se débarrasser de son fils qui ne semble décidément pas favorable à l’idée de sortir du nid et de voler de ses propres ailes. Mais William a un plan pour venir à bout de son envahisseur de fils, un plan qui implique l’intervention d’un chien ex végétarien et noblement prénommé Freddie de la Hay. William, marchand de vin, amateur de chaussures confortables et des bons petits plats de son amie Marcia est sans aucun doute le personnage que j’ai le plus aimé. Il est drôle, maladroit, généreux, serviable et d’une gentillesse qui lui joue parfois des tours. C’est un personnage qui m’a rapidement charmée, et dont on sent qu’il a gardé quelque chose de son âme d’enfant.

Le rythme est rapide, les chapitres sont courts et sont toujours consacrés aux mésaventures de l’un ou de l’autre. La plume de McCall Smith est pleine de verve et d’humour. Corduroy Mansions ne nous livre pas une histoire avec un début et une fin, il nous offre une tranche de vie. Bien entendu, le roman a une chute mais rien n’est vraiment résolu et des pistes très intéressantes sont lancées pour la suite… Certains personnages plus effacés semblent détenir un grand potentiel pour la suite… si bien qu’il est difficile de ne pas craquer et de commander la suite qui est sortie en mai dernier et qui porte le délicieux titre de The dog who came in from the cold. Le troisième s'intutile A conspiracy of friends. A noter que Corduroy Mansions n’est pas encore traduit en français.

Lu dans le cadre du challenge

Alexander McCall Smith, Corduroy Mansions, Abacus, 352 pages, 2010

mercredi 22 septembre 2010

Le temps n'est rien d'Audrey Niffenegger

"Je l'aime. II représente tout pour moi. Je l'ai attendu toute ma vie et à présent il est là. (J'ai du mal à m'expliquer.) Avec lui je peux contempler mon existence dans sa totalité, comme une carte, passé et futur réunis, comme un ange... [..] Tout est déjà arrivé. Tout en même temps. " Nous avons tous déjà eu cette impression d'avoir rencontré une personne quelque part avant, ou de l'avoir connue dans une autre vie... Et si c'était dans un autre temps ? Quand Henry, bibliothécaire, voit arriver Claire, une artiste séduisante, il ne peut croire à l'incroyable : ils se connaissent depuis des décennies, même s'il ne s'en souvient pas. Car Henry est atteint d'une maladie qui le propulse dans le temps. II a rencontré Claire alors qu'elle était enfant et va sans cesse partir et revenir à des époques de leurs vies respectives... L'histoire folle et romanesque d'un amour absolu et éternel.

Ce livre est un petit bijou. Une histoire qu’on n’oublie pas rapidement et dont on a du mal à tourner la dernière page parce que ses personnages sont devenus de vrais amis, parce qu’on a été le témoin de cette histoire aussi magnifique que magique et amère à la fois.

Le temps n’est rien nous raconte l’histoire d’Henry et de Claire. Henry est un voyageur du temps ; il se promène au gré des époques, de manière totalement inattendue, laissant derrière lui tout objet matériel. Quand il rencontre Claire, celle-ci le connait depuis des années alors que lui ne s’en rappelle pas. Il n'a pas encore fait sa connaissance, elle le connait pourtant depuis l’âge de ses 6 ans…

La plume d’A. Niffenegger a su relater avec une extrême habileté l’histoire très complexe de deux personnages charismatiques, touchants, profondément humains et extrêmement attachants. Leurs personnalités sont creusées et ils sont si parfaits dans leurs imperfections qu’on a vraiment du mal à les quitter, même après plus de 500 pages. Sans pour autant avoir quelque chose en commun avec eux, on s’y accroche. On fait leur connaissance, on assiste à leur vie si peu conventionnelle et on éprouve une certaine reconnaissance à ce qu’ils en partagent quelques bribes avec nous. Le récit est un récit à deux voix bien que ce soit Henry qui domine.

Le temps n'est rien est bien plus qu'une simple histoire d'amour. Les voyages dans le temps permettent une exploration intéressante de l’évolution d’une société, du regard qu’on peut porter sur elle. Le livre parle aussi de tolérance et de la capacité de l’homme à accepter ce qui « ne peut être ». L'écriture et le style sont raffinés. Tout sonne juste: les dates, les âges, les rencontres au fil des voyages d’Henry,… Le travail est soigné. Niffenegger maîtrise son histoire, en offrant une réflexion sur la place du destin et du libre-arbitre, avec humour, entourloupes et suspense.

J’observe Henry et m’étonne que, du point de vue de ses cellules, il puisse être aussi différent, aussi autre, quand au-dehors il n’est qu’un homme portant une chemise au col boutonné et un caban, un homme dont la main est faite de peau et d’os dans la mienne, un homme qui sourit comme n’importe quel être humain.

Un film a été adapté du roman. Je l'ai vu il y a quelque semaines et je l'ai beaucoup aimé. Bien entendu, l'histoire et les personnages ne sont pas aussi creusés que le roman mais nous passons un agréable moment. Nous retrouvons Eric Bana et Rachel McAdams qui interprètent brillamment Henry et Claire.

Audrey Niffenegger, Le temps n'est rien, J'ai lu, 521 pages, 2006

lundi 20 septembre 2010

Le club des philosophes amateurs d'Alexander McCall Smith

Pour Isabel Dalhousie, la présidente du Club des philosophes amateurs d'Edimbourg, une soirée à l'opéra est toujours un moment de repos et de sérénité. Mais lorsqu'à la fin de la représentation, un jeune homme en tombant d'un balcon meurt à ses pieds, elle sait que ce n'est pas pour ses beaux yeux. Toujours prête à s'interroger sur l'éthique de ses actes et de ceux de ses contemporains, cette adepte de la vérité ne croit pas un instant à la thèse de l'accident. Miss Dalhousie va alors découvrir que même la tranquille capitale écossaise est désormais gagnée par les appétits modernes, aussi voraces qu'immoraux.

Lu il y a quelques mois, comme Anne..., Le club des philosophes amateurs fut l'occasion pour moi de mieux connaître Isabel Dalhousie (j'avais commencé avec le deuxième livre de la saga Amis Amants Chocolat) et par la même occasion, la plume de McCall Smith qui, si l'on en croit ma colonne de gauche figure désormais parmi mes auteurs favoris (alors même que je n'ai pas encore lu beaucoup de titres de son oeuvre prolifique) ! Ce fut un vrai régal. Isabel m'a tout autant amusée que lors de ma première lecture, elle est décidément de très bonne compagnie.

Alors qu'Isabel vient d'assister à un concert de musique à l'Usher Hall, à Edimbourg, un jeune homme tombe du dernier étage de la salle et meurt sous ses yeux. Passablement bouleversée par les évènements, Isabel reconsidère la thèse officielle de l'accident, qui, selon elle, n'est pas plausible. Malgré les mises en garde de Cat, sa nièce et de Jamie, l'ex de celle-ci devenant au fil des pages un ami de plus en plus proche pour Isabel, cette dernière n'en fera qu'à sa tête et ne renoncera pas à suivre son intuition. Quête de vérité ou simple satisfaction de curiosité? Ce qui est sûr c'est qu'on ne s'ennuie pas entre virées dans les rues de la capitale écossaise, une rencontre fortuite dans une galerie d'art, des relations de couples étranges, une fiancée effrayante, et il est même question de fraudes à la bourse!

De nouveau, l'intrigue policière est à reléguer au second plan, puisqu'elle n'est encore ici que très mineure. Elle est l'occasion de faire la connaissance d'Isabel Dalhousie, de se perdre au milieu de ses raisonnements de philosophe (pour rappel, Isabel dirige une revue d'éthique appliquée), de ses tasses de café dans l'épicerie-restaurant de Cat (qui a encore déniché une fine fleur pour prétendant) mais aussi de ses discussions avec Jamie qu'elle désespère de recaser avec sa nièce ("dommage qu'il soit trop jeune pour moi" est pourtant ce qu'Isabel ne peut s'empêcher de penser!).

Une lecture vraiment sympathique, originale et douillettte. Les personnages de McCall Smith ont une saveur toute particulière. Et puis, ça donne une furieuse envie d'Edimbourg tout ça... J'aime, j'aime, j'aime!

Alexander McCall Smith, Le club des philosophes amateurs, 10/18, 300 pages, 2006

mercredi 15 septembre 2010

Anne... La maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery

À travers le récit de la vie d Anne Shirley, une jeune orpheline recueillie par les Cuthbert à Green Gables, Lucy Maud Montgomery nous invite à partager la vie des habitants de l'Ile-du-Prince-Édouard au début du siècle dernier. Personnage attachant, la petite Anne aura tôt fait de séduire son entourage par son courage, sa détermination et sa débrouillardise. Qui ne connait pas Anne Shirley, la délicieuse héroine de la série Anne... la maison aux pignons verts, série découverte en France grâce à sa diffusion à la télévision. Les lecteurs retrouveront ici avec bonheur ses désopilantes et inoubliables aventures. Génération après génération, les jeunes et les moins jeunes rêvent, rient et s émerveillent en suivant fidèlement les péripéties de cette attachante jeune fille aux cheveux roux tressés et aux yeux émeraude.

Anne Shirley m'a accompagnée pendant une bonne partie de ma session d'examen et je dois avouer que j'étais vraiment heureuse le soir de la retrouver pour le temps de quelques pages. C'est beau, attendrissant et vraiment réconfortant.

"Oh, Marilla, espérer quelque chose, c'est déjà ressentir la moitié du plaisir que cette chose vous procurera" (p.114)

Dans ce premier tome, nous assistons à l'arrivée d'Anne, une petite orpheline, dans la famille Cuthbert composée d'un frère et d'une soeur, Matthew et Marilla. Alors que les Cuthbert souhaitaient adopter un petit garçon pour soulager Matthew du rude travail de ferme, c'est une petite fille rousse, à la langue bien pendue, rêveuse, théâtrale dans ses manières et munie d'une passion très développée pour tout ce qui est romantique (au sens large du temre) qui les attend à la gare.

S'enchainent alors pour Anne de nombreuses péripéties, entre tendresse et hilarité. On perçoit l'évolution des personnages, la naissance de l'amitié, les petits différends. Lorsqu'elle croit servir du sirop de framboise à son amie de coeur Diane, ou qu'elle tente de se colorer les cheveux ou encore l'histoire du gateau fait spécialement pour Mme Allan. C'est un vrai régal. Au fur et à mesure qu'on avance dans le récit, Anne prend en maturité. Elle garde son tempérament rêveur mais la petite fille exubérante devient plus posée et reste tout aussi attachante.

Anne nous accueille avec joie dans son univers coloré et sur l'île enchanteresse qu'est celle du Prince Edouard. Lucy Maud Montgomery a un don pour les descriptions imagées et ses mots parviennent à redonner toute la dimension poétique des paysages grâce à l'infinie imagination de son personnage. Ainsi, nous avons le plaisir de gambader en compagnie d'Anne au bord du Lac aux miroirs, du chemin des amoureux, de la Source des fées ou encore du vallon des violettes.

"Le printemps; une fois de plus, était revenue à Green Gables, le beau printemps canadien, capricieux, hésitant, égrenant ses jours parfumés, purs et frisquets, et ses couchers de soleil roses tout au long d'avril et de mai, faisant surgir de la terre mille résurrections miraculeuses. Les érables du Chemin des amoureux se paraient de petits bourgeons rouges, tandis que de minuscules fougères bouclées commençaient à croître autour de la Source des Fées." (p.195)

Sa relation avec Matthew est très touchante. J'ai beaucoup aimé ce personnage. Il est taiseux et d'une extrême timidité mais l'auteure parvient à lui donner une place et une aura très importantes. J'ai vraiment regretté qu'il nous quitte si tôt. Anne est sa fierté et il est complètement sous le charme. Marilla est elle aussi géniale. Sévère mais juste, sa tendresse est débordante. Le roman est exploré par une quantité de personnages aussi particuliers que banals mais dont on ne saurait se passer; Diane, Gilbert, Mme Lynde, Mlle Barry, Mme Allan, ...

Anne est un personnage qui entretient notre bonne humeur en nous amusant de pages en pages. Sa fierté et sa naïveté l'entrainent souvent dans des situations cocasses pour le plus grand plaisir de son lecteur. J'aime beaucoup la manière dont elle envisage la vie. C'est une amie avec laquelle il est agréable de passer du temps. Et en ce qui me concerne, elle m'a apporté un réconfort précieux.

"C'est plus agréable de penser à de jolies choses qui vous sont chères et de les garder pour soi, comme des trésors." (p.309)

Livre lu dans le cadre du challenge:

Lucy Maud Montgomery, Anne... La maison aux pignons verts, Québec Amérique, 374 pages, 2001