mercredi 22 septembre 2010

Le temps n'est rien d'Audrey Niffenegger

"Je l'aime. II représente tout pour moi. Je l'ai attendu toute ma vie et à présent il est là. (J'ai du mal à m'expliquer.) Avec lui je peux contempler mon existence dans sa totalité, comme une carte, passé et futur réunis, comme un ange... [..] Tout est déjà arrivé. Tout en même temps. " Nous avons tous déjà eu cette impression d'avoir rencontré une personne quelque part avant, ou de l'avoir connue dans une autre vie... Et si c'était dans un autre temps ? Quand Henry, bibliothécaire, voit arriver Claire, une artiste séduisante, il ne peut croire à l'incroyable : ils se connaissent depuis des décennies, même s'il ne s'en souvient pas. Car Henry est atteint d'une maladie qui le propulse dans le temps. II a rencontré Claire alors qu'elle était enfant et va sans cesse partir et revenir à des époques de leurs vies respectives... L'histoire folle et romanesque d'un amour absolu et éternel.

Ce livre est un petit bijou. Une histoire qu’on n’oublie pas rapidement et dont on a du mal à tourner la dernière page parce que ses personnages sont devenus de vrais amis, parce qu’on a été le témoin de cette histoire aussi magnifique que magique et amère à la fois.

Le temps n’est rien nous raconte l’histoire d’Henry et de Claire. Henry est un voyageur du temps ; il se promène au gré des époques, de manière totalement inattendue, laissant derrière lui tout objet matériel. Quand il rencontre Claire, celle-ci le connait depuis des années alors que lui ne s’en rappelle pas. Il n'a pas encore fait sa connaissance, elle le connait pourtant depuis l’âge de ses 6 ans…

La plume d’A. Niffenegger a su relater avec une extrême habileté l’histoire très complexe de deux personnages charismatiques, touchants, profondément humains et extrêmement attachants. Leurs personnalités sont creusées et ils sont si parfaits dans leurs imperfections qu’on a vraiment du mal à les quitter, même après plus de 500 pages. Sans pour autant avoir quelque chose en commun avec eux, on s’y accroche. On fait leur connaissance, on assiste à leur vie si peu conventionnelle et on éprouve une certaine reconnaissance à ce qu’ils en partagent quelques bribes avec nous. Le récit est un récit à deux voix bien que ce soit Henry qui domine.

Le temps n'est rien est bien plus qu'une simple histoire d'amour. Les voyages dans le temps permettent une exploration intéressante de l’évolution d’une société, du regard qu’on peut porter sur elle. Le livre parle aussi de tolérance et de la capacité de l’homme à accepter ce qui « ne peut être ». L'écriture et le style sont raffinés. Tout sonne juste: les dates, les âges, les rencontres au fil des voyages d’Henry,… Le travail est soigné. Niffenegger maîtrise son histoire, en offrant une réflexion sur la place du destin et du libre-arbitre, avec humour, entourloupes et suspense.

J’observe Henry et m’étonne que, du point de vue de ses cellules, il puisse être aussi différent, aussi autre, quand au-dehors il n’est qu’un homme portant une chemise au col boutonné et un caban, un homme dont la main est faite de peau et d’os dans la mienne, un homme qui sourit comme n’importe quel être humain.

Un film a été adapté du roman. Je l'ai vu il y a quelque semaines et je l'ai beaucoup aimé. Bien entendu, l'histoire et les personnages ne sont pas aussi creusés que le roman mais nous passons un agréable moment. Nous retrouvons Eric Bana et Rachel McAdams qui interprètent brillamment Henry et Claire.

Audrey Niffenegger, Le temps n'est rien, J'ai lu, 521 pages, 2006

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