mercredi 30 décembre 2009

Un Noël en famille de Jennifer Johnston

Lorsque, après un terrible accident de voiture, Henry, la cinquantaine, se réveille sur son lit d'hôpital, il ne peut se rappeler ce qui l'a conduit là. Très mal en point, il a du mal à situer ceux qui défilent à son chevet : est-il encore marié à cette femme très autoritaire ? N'était-il pas fâché avec sa fille ? Son fils lui cacherait-il quelque chose ? Son frère serait-il revenu du Canada ? Que devient sa mère, artiste excentrique et déboussolée ? Et qui est Sebastien, ce très bel homme qui le veille nuit et jour ? Au fur et à mesure que son corps se répare, ses souvenirs reviennent, et avec eux ces sentiments d'inadéquation, d'insécurité, d'urgence, qui ont fait tant de tort aux siens. Il faudra encore un peu de temps, un événement dramatique et la magie d'un soir de Noël pour que Henry parvienne enfin à renouer les liens distendus avec sa famille...

Reçu jeudi dernier, il ne m'a pas fallu longtemps pour venir à bout de ma lecture! Il s'agit d'une très belle surprise!

Le roman met en scène de nombreux personnages qui tournent tous autour d'Henry, père de famille, divorcé, remarié qui se réveille après un terrible accident de voiture. Il ne se souvient de son passé que par bribes, sa mémoire sélectionne ses souvenirs et il a du mal à retrouver qui il est. Tout en nuances, on voit les liens familiaux réapparaitre, certaines questions trouver leurs réponses. Les relations entre les membres de cette famille sont quelque peu éprouvées et d'une extrême complexité mais Jennifer Johnston parvient à exprimer cette situation avec beaucoup d'adresse. J'ai eu énormé d'affection pour le personnage d'Henry. Stephanie est aussi tranchante qu'attendrissante, toujours tiraillée entre deux sentiments contraires. Jérémy apporte également beaucoup à l'histoire, il a quelque chose de rassurant, de calme et d'intrigant tout en dégageant une chaleur humaine très forte. Tash nous fait tourner en bourrique mais elle n'en demeure pas moins émouvante.

Jennifer Johnston a une plume incroyable qui nous emporte totalement. Une fois ouvert, j'ai eu du mal à refermer le livre, l'absence de chapitres ne m'a d'ailleurs pas beaucoup aidée à ce niveau là! J'avais lu un avis plus ou moins mitigé chez Cécile qui nous conseillait de ne pas commencer à lire l'auteure par ce roman-ci. C'est ce que j'ai pourtant fait, un peu malgré moi d'ailleurs, mais je n'ai pas été déçue. Je me dis que l'avenir sera encore meilleur.

Quelques petits bémols quand même: le personnage de Donough (le fils) est un peu trop effacé à mon goût, c'est sans doute un choix de l'auteure, peut-être pour donner plus de poids à Ciara (la fille). La fin est peut-être un peu trop brutale, on a vu meilleur pour un jour de Noël. Ne restons cependant pas sur une note négative car ce n'est pas du tout ce que je veux faire passer ici. J'ai vraiment adoré ce récit qui parle de pardon, d'amour, de non-dits qui blessent, de liens familiaux malmenés, de la bêtise humaine parfois. L'histoire est d'autant plus humanisée qu'elle est tour à tour racontée par l'un ou l'autre personnage.

Un très beau livre, de très beaux mots où Noël est un aboutissement et un nouveau départ à la fois. Une plume que je prendrai plaisir à relire.

Jennifer Johnston, Un Noël en famille, Belfond, 254 pages, 2009

lundi 28 décembre 2009

Magie d'hiver (Collectif)

Les six histoires inédites réunies dans ce livre explorent la magie d'une période chargée de mystères et de promesses : la saison d'hiver qui, avec son cortège de fêtes, met l'enfance et l'esprit de famille à l'honneur et donne envie de croire à ses rêves les plus fous. Rêve innocent des jumeaux Zack et Zeke qui commandent au Père Noël une maman... qui serait aussi une compagne parfaite pour leur père solitaire. Rêve ancien de Chloé qui, en avouant ses sentiments à Egan, trouve auprès des siens la famille qu'elle n'a jamais eue. Rêve amoureux de Brett, qui brûle de reconquérir son ancienne fiancée, retrouvée par hasard après des années de séparation. Ou encore, rêve secret de Madeleine qui, le soir du réveillon, se laisse séduire par un mystérieux inconnu... lui semblant pourtant bien familier...

Attention, les allergiques à la guimauve, passez votre chemin! Je ne m'attendais pas du tout à ce genre de nouvelles et ce n'est qu'après, en me rendant compte que ce livre était édité par les éditions Harlequin que je me suis dit que j'aurai dû être plus vigilante. Les histoires sont vraiment surfaites, mièvres. J'avais l'impression d'être devant un téléfilm ultra cucul de l'après-midi. Et pourtant, je suis du genre à regarder ces petits films qui ont souvent quelque chose de sympathique et de doux. C'est souvent niais et ultra-prévisibles, comme l'étaient ces nouvelles mais là, c'était trop. Et trop, c'est trop, c'est bien connu.

Pas non plus vraiment de magie d'hiver, seulement des histoires qui se passent ou se terminent aux alentours de Noël sans pour autant accorder une grande place à la fête. Les nouvelles mettent en scène des personnages creux et stéréotypés: le type rustre de la campagne qui a renoncé à trouver l'amour et la belle tout juste débarquée de la grande ville apportant avec elle son lot d'idées novatrices, la patronne aux allures de glaçon qui ne se rend pas compte que celui qu'elle a devant elle n'est autre que son employé relooké... Trop harlequinesque à mon goût, on se gave de baisers transcendants et de dialogues trop téléphonés.

Même si je m'attendais à une version papier de bons sentiments, continuer était au-dessus de mes forces. J'ai eu trop de mal, je m'arrête à la moitié, parce que j'ai mieux à lire. C'était bof, très très bof (et je suis gentille).

Nora Robets, Debbie Maccomber, Emily Richards (etc), Magie d'hiver, Harlequins best-seller, 662 pages, 2009

vendredi 25 décembre 2009

Un chant de Noël de Charles Dickens

Ebenezer Scrooge est un vieillard acariâtre et avare qui fait fuir tout le monde. Le soir de Noël, son neveu vient le convier à festoyer chez lui mais il refuse l'invitation en qualifiant ces manifestations de joie de « sornettes et balivernes ! ». Quelle ne sera pas sa surprise lorsque, se retrouvant seul dans sa grande maison sombre et glacée, il recevra la visite des fantômes des Noël passés, présents et futurs ! La nuit sera terrible en vérité !

En voilà un conte délicieusement écrit! Une vraie petite merveille qui vous insuffle, 156 pages durant, l'esprit de Noël et qui réveille en vous ce qu'il y a de meilleur. Peu d'auteurs sont capables d'un tel exploit, surtout avec un récit si court. Ce n'est pas ma dernière lecture (dont je vous parlerai un peu plus tard) qui le contredira. Mais aussi peu nombreuses que sont les pages qui le composent, ce livre est d'une densité peu commune. Les mots sont choisis avec soin, les phrases nous emportent dans le Londres du XIXe de Dickens. Si petite puisse être la part de Scrooge en chacun de nous, elle disparait le temps d'une lecture comme la haine et l'amertume du coeur d'Ebenezer disparaissent au cours du récit.

Ce conte est enchanteur et ne fait qu'attiser mon envie de découvrir davantage la plume de son auteur. Les choses sont remises en perspective, on demande à notre mémoire de se souvenir qu'en chacun de nous sommeille un enfant, généreux et débordant d'amour à partager. Parce que Noël est une fête d'amour. Scrooge comprendra qu'être avare, que ce soit en argent comme en sentiments, ne mène pas bien loin, si ce n'est aux tréfonds de la haine et à une profonde solitude. Avec ses mots d'une saveur particulière, Dickens semble simplement faire passer un message; celui qui nous invite à profiter chaque jour de ce qui nous est donné, à partager avec les autres et les laisser nous donner, ce qui est parfois le plus difficile. Parce que la chaleur de la flamme qui réchauffe notre coeur n'a AUCUN prix. Un conte qui n'a pas son pareil, vraiment!

Et je vous souhaite à tous un merveilleux Noël...

Lu dans le cadre du challenge

Charles Dickens, Un chant de Noël, Le livre de poche jeunesse, 156 pages, 2008

vendredi 18 décembre 2009

Un cadeau du ciel de Cecelia Ahern

Lou a une vie parfaite, une femme magnifique, deux enfants adorables et un travail qui le comble. Mais la réussite a un prix et Lou est prêt à tout pour parvenir au sommet. En se rendant au travail un matin d'hiver dans les rues enneigées de Dublin, Lou fait la connaissance de Gabe, un sans-abri qu'il croise tous les jours. Sa vie ne sera plus jamais la même car Gabe n'est pas un homme comme les autres... A mi-chemin entre Un conte de Noël de Dickens et La Vie est belle de Capra, Un cadeau du ciel renoue avec la grande tradition du conte de Noël. Cecelia Ahern nous entraîne dans un monde où la réalité est teintée de merveilleux et où les actes ont des conséquences inattendues sur l'existence.

Ça faisait déjà un bout de temps que je voulais découvrir la plume de Cecelia Ahern. La sortie d'un nouveau roman à l'aube de l'hiver et qui s'avérait en plus être un conte de Noël ne pouvait passer entre les mailles de ma bibliothèque. Et puis, la couverture est un vrai délice à regarder, vraiment impossible d'y résister! Le style d'Ahern (en tout cas ici) a ceci de particulier qu'il est capable de nous entrainer avec ardeur là où l'auteur veut nous mener, sans pour autant brûler de passion pour l'histoire qui nous est contée.

Un cadeau du ciel
est un joli conte de Noël, une histoire assez banale mais très bien racontée. Il fait passer un message d'amour très juste et pertinent, un message dont on se doit de se rappeler l'importance au quotidien. J'ai pourtant eu un peu de mal avec le personnage de Lou, que je ne suis pas vraiment arrivée à comprendre ni à apprécier. Je l'ai regardé avec une certaine distance, sans jamais éprouver de la sympathie à son égard. Il m'agaçait de cécité. Gabe, de son vrai nom Gabriel, en revanche, est très attachant. Certes, on comprend de suite qui il est et d'où il vient (un peu dommage d'ailleurs) mais on arrive à passer outre. Ses apparitions sont brèves mais fréquentes, il a ce je ne sais quoi qui retient toute notre attention et rend le personnage vraiment omniprésent.

Le dénouement de l'histoire arrive quand même à nous humidifier légèrement les paupières. J'avoue que même si le clou final est planté un peu trop facilement à mon goût, comme certains évènements du récit, je ne m'attendais pas à ça. Je pense que j'espérais une fin couleur guimauve (même si c'est un peu le cas à certains égards). Bref, une jolie histoire saupoudrée de bons sentiments, idéale pour cette période mais attention, vous n'y trouverez, il me semble, rien de plus.

Cecelia Ahern, Un cadeau du ciel, Flammarion, 350 pages, 2009

mardi 15 décembre 2009

Coraline de Neil Gaiman

Coraline vient de déménager et découvre son environnement, une étrange maison qu'elle et ses parents partagent avec des voisins peu communs : deux anciennes actrices et un vieux toqué éleveur de souris savantes. "Je suis une exploratrice !", clame Coraline. Gare pourtant : derrière la porte condamnée, un monde magique et effrayant l'attend.

On pourrait ne pas s'y attendre mais l'histoire que nous conte ici Neil Gaiman donne des frissons! Coraline est une jeune fille curieuse et aventurière qui par le biais d'une petite porte va découvrir les facettes les plus noires du monde dans lequel elle vit. Une fausse mère diabolique, un faux père pantin, tous deux avec des boutons à la place des yeux, des chiens et des chats qui parlent...

Au cours de son périple, Coraline se rendra compte de la valeur de l'amour de ses parents et de la beauté du monde dans lequel elle vit et ne pourra que mieux les apprécier. Une jolie histoire, pleine de fantaisie, sans pour autant être extraordinaire mais dont l'ambiance troublante reste longtemps à l'esprit.

Neil Gaiman, Coraline, Albin Michel Wiz, 152 pages, 2009